J’ai interviewé: Iori’s Eyes

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Ils sont deux, une fille et un garçon, Clod et Sofia, mais, au sein de Iori’s Eyes, ils ne font qu’un (cf Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.78). Ils sont italiens, aiment James Blake, JJ, Nina Simone ou encore Kate Bush, ne se laissent enfermer simplement dans aucun style musical mais proposent une pop unique mâtinée de soul et de dub. Leur premier album Double Soul est un OVNI magnifique qui ne laissera personne indifférent. Pour nous, ils ont accepté de se livrer au jeu des questions-réponses…


Comment vous êtes-vous rencontrés et comment avez-vous commencé à jouer ensemble?
Clod: Nous nous sommes rencontrés au lycée. Au début, nous jouions dans deux groupes différents, puis un ami commun nous a mis en contact et nous avons commencé à jouer ensemble.

D’où vient le nom Iori’s Eyes?

Sofia: Ca vient d’un manga japonais, Is. Il y a personnage qui s’appelle Iori et nous aimions bien ses yeux. On n’avait que 17 ans…

J’ai lu que vous aviez essayé plusieurs styles différents avant de faire ce que vous jouez aujourd’hui. Qu’est-ce qui vous a poussés à aller dans cette direction?
Sofia: Ça a été un long cheminement au fil des années, qui a été redéfini par la recherche d’un son minimaliste et par des influences diverses que nous n’avons découverts que récemment comme la soul et le dub. Quoi qu’il en soit, entre tous ces changements de style, nos chansons restent dans le cadre de la structure d’une chanson pop.
Clod: Avant d’en arriver là, nous étions immatures de toute façon, comme on l’est normalement à cet âge. les expériences acquises nous ont assurément différenciés de ce que nous étions à l’adolescence. C’est peut-être aussi l’une des raisons pour lesquelles notre son a changé.
Sofia: La différence entre ce disque et ce que nous faisions précédemment, c’est aussi que la guitare a été complètement éliminée et qu’elle a été remplacée par des synthés et du piano.
Clod: C’est vrai. Les guitares on été complètement enlevées d’une façon très naturelle. Je venais de commencer à étudier le piano et je me suis mis à le tester graduellement au cours des répétitions. En gros, j’ai trouvé mon instrument de prédilection grâce à  ce disque. J’ai commencé à écrire des chansons seulement en piano/voix et je n’arrête pas depuis. C’est devenu quelque chose d’essentiel à mon expression.

J’ai cité James Blake comme une des probables influences de votre musique. Quelles sont les autres?

Sofia: L’été dernier, James Blake a certainement changé ma vie. Mais ce n’est pas la seule influence que je citerais en ce qui concerne cet album. Les autres artistes qui ont été essentiels pour moi sont Lee Scratch Perry, les Depeche Mode du début des années 80, Nicholas Jaar et Nina Simone.
Clod: Les influences que j’ai apportées à ce disque sont celles qui ont joué un rôle majeur dans mon éducation musicale. Tout d’abord Kate Bush (c’est aussi l’une des raisons pour lesquelles je me suis tourné vers le piano), Madonna, Elton John, Prince, Nirvana, Massive Attack. Je ne parle pas nécessairement de leur influence au niveau du son, mais aussi pour ce qui est de l’écriture et de l’attitude. Les messages inhérents à la musique des ces artistes ont explosé en moi et ont fait de moi une personne nouvelle et différente, qui transparaît plus en concert ou durant le processus d’écriture… Ça aussi, c’est l’âme double.
Vous avez joué en première partie avec plusieurs excellents groupes. Quels sont les meilleurs souvenirs que vous en gardez?
Sofia: A coup sûr, Blonde Redhead, c’était une expérience géniale parce que nous étions très jeunes (à peine 19 ans) et ils ont été vraiment gentils et attentionnés avec nous. Ils nous ont proposé pour un des shows suivants simplement parce qu’ils nous avaient bien aimés au premier concert. Les 10 jours de tournée avec JJ ont aussi été une expérience importante.
Dans quelles circonstances Double Soul a-t-il été enregistré et sorti?

Sofia: Entre l’écriture et la sortie, presque un an s’est écoulé. Tellement de choses se sont passées entre-temps. C’est un album très personnel qui inclut de manière très profonde les expériences que nous avons vécues. Nous l’avons enregistré dans des maisons privées à Milan et à Amsterdam et ça nous a permis d’avoir plus de temps pour travailler sur les chansons. Je crois que ça a aussi eu une grande influence sur l’album tel qu’il est présenté au public.
Clod: Pour la première fois, nous avons senti le besoin d’écrire séparément, chacun de son côté. En réalité, certaines des chansons sont davantage le résultat d’un effort commun (nous improvisons beaucoup pendant les répétitions) mais, d’une certaine façon, il nous semblait que ce n’était pas assez, en particulier pour notre premier album. J’ai commencé à à faire quelques titres à la maison et, au bout de trois jours, j’étais lancé, je ne pouvais plus m’arrêter. Je me suis laissé porter et j’ai compris que c’était la bonne façon d’inventer le noyau de cet album. Sofia a fait la même chose avec ses chansons et ça a servi à confirmer que nous devions continuer à écrire séparément avant d’assembler les choses en studio, pour ainsi dire. Je ne crois pas que nous l’aurions appelé Double Soul s’il avait été conçu autrement.

Il y a une forte cohérence entre la pochette, le titre et les paroles de l’album. Est-ce que vous considérez Double Soul davantage comme un concept-album que comme un album de chansons?
Clod: J’aime à penser que c’est à la fois un concept-album et une collection de chansons. Je pense que c’est un point essentiel. Comme Sofia l’a déjà évoqué, notre truc, c’est d’écrire des chansons pop, quelle que soit la forme que nous leur donnons au final. Nous sommes passés par une école d’art, donc, pour nous, le message visuel est également d’une importance extrême. Nous essayons de créer des univers et de communiquer des sentiments spécifiques de toutes les façons dont sommes capables de le faire et par nos propres moyens. C’est pourquoi nos chansons et notre son finissent par ne faire plus qu’un avec le côté graphique et visuel. Ça vaut aussi pour les paroles. Nous sommes deux, deux personnes différentes agissant de manière différente, donc l’expression de cette dualité est devenue une vraie nécessité. Nous sommes deux personnes qui fusionnent fusionnent leurs différences dans un noyau unique. Comme la chanson des Spice Girls, When 2 become 1.
Vous avez collaboré avec Aucan qui est l’un des fleurons de l’électro en Italie. Comment vous êtes-vous retrouvés à travailler ensemble?
Clod: Nous avons rencontré Jo et Francesco après notre concert à Brescia, la ville dont Aucan est originaire. Ils sont venus à notre stand de merchandising et ont commencé à discuter avec nous et à nous faire des compliments sur notre performance. Ensuite, nous sommes restés en contact et, un an plus tard, Jo a demandé à produire l’une des chansons de l’album (In Love With Your Worst Side), et, à partir de là, ça n’a plus été qu’une grosse explosion d’amour.
Quelles sont les prochaines étapes pour vous?
Sofia: Nous avons enregistré une nouvelle reprise qui arrive bientôt. Nous voulons tourner de nouvelles vidéos et nous sommes déjà en train d’écrire de nouvelles chansons. Nous espérons jouer bientôt à l’étranger car nous sommes curieux de rencontrer le public dans d’autres pays.
Clod: Je pense aussi à faire un livre d’images et, peut-être quelques expositions sur une étude que je suis en train de faire du corps humain et de la fusion des genres.
A quoi ressemble la scène indépendante italienne? Avez-vous un groupe ami que je devrais absolument écouter?
Sofia: Il n’y a rien qu’on puisse considérer comme une scène italienne, du moins pas de scène à proprement parler reconnaissable. Mais il y a quelques artistes intéressants. Ceux qui aiment Aucan aimeront peut-être Cécile et son groupe Esperanza. Be Forest sont très jeunes et très prometteurs aussi.

Clod: J’ajouterais aussi Antiteq, Digi G’Alessio, Margot et M66r6.

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