Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.38 : Cabadzi

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Cher lecteur, comme rien n’échappe à ton œil aiguisé, tu auras sans doute remarqué que je n’ai pas publié d’article hier. Et pour cause. J’étais bien trop occupé à fêter l’arrivée sur terre d’un petit être humain. Voilà mon meilleur ami père à son tour. Et moi, trentenaire bedonnant expiant pendant une journée entière une absorption excessive de whisky.  Vraiment, je suis rouillé. Après chaque soirée arrosée, mon corps me rappelle la triste réalité du temps qui passe. Il y a peu, j’étais encore jeune, fringant, encaissant sans sourciller des litres de breuvages alcoolisés, ne manquant jamais l’occasion de chanter, de danser, de fêter. Et aujourd’hui? Mari, père, chargé de développement, blogueur à mes heures perdues. Me serais-je assagi avec le temps? Ou bien, est-ce que c’est ça, être adulte? De me retrouver avec ma vieille bande de potes fait affluer les souvenirs. La coloc, les soirées, les fous rires, les concerts…Je me rappelle ce groupe croisé dans l’improbable ville de Muttersholtz en 2008: Cabadzi. Un de mes meilleurs souvenirs live. Une belle gifle et puis le temps , faisant son office, avait relégué ce souvenir à la cave. Hasard de mes pérégrinations musicales et chemins tortueux de la mémoire, Cabadzi, pour mon plus grand plaisir, m’est récemment revenu en pleine figure.
Pendant que j’avais le dos tourné, le groupe originaire du Pays de Loire a parcouru son petit bonhomme de chemin. Sur scène d’abord. Car Cabadzi, c’est avant tout un groupe capable de performances scéniques ahurissantes. J’étais sorti de leur concert à Muttersholtz sonné, groggy, bouche bée, béat d’admiration, à court de mots pour exprimer la claque que je venais de me prendre en pleine gueule. Cocktail détonnant de mise en scène, d’orchestrations brillantes et de textes vifs, intelligents et engagés, Cabadzi détonne dans le paysage musical français, qui ne brille pas par son audace et sa verve fougueuse (avez-vous déjà perçu la moindre lueur d’intelligence dans une chanson de Christophe Maé?). Cabadzi, c’est un festival d’inventivité permanente, au-delà des styles et étiquettes que les journalistes musicaux se plaisent à attribuer. C’est un souffle d’air frais, de lucidité et d’humour doux-amer. Les textes de Lulu taillent dans le vif, mettant au grand jour les travers de la politique, des médias, de la société de consommation, exhortant l’auditeur à sortir de la médiocrité ambiante, à se poser les bonnes questions, à réfléchir en dehors des sentiers balisés. Un vent de liberté salutaire parcoure l’écriture de Lulu. Le flow acide et théâtral se pose sur des instrumentations toujours surprenantes, mêlant à la fois voix, beatbox et instruments classiques.
Après un premier disque qui venait clôturer une longue série de concerts, Cabadzi sort fin février un nouvel album studio intitulé Digère et Recrache qui devrait faire couler beaucoup d’encre. Dérangeant, stimulant, provocant, Cabadzi se démarque par sa liberté de ton vivifiante et sa démarche artistique unique, sincère et éclectique. Un  groupe indispensable et, au vu des quelques extraits qui circulent déjà, un album qui devrait bientôt faire partie de mes favoris…

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