Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.37 : Savaging Spires

Browse By

Là, pour le coup, la chronique aurait aussi bien pu s’appeler “Le truc chelou qu’on n’écoute pas seul chez soi la nuit avec la lumière éteinte”. Sans doute l’un des projets les plus intrigants et les plus barrés qui soient sortis au cours des derniers mois. Intrigant, parce que de Savaging Spires, on ne sait pas grand chose. A l’heure où vous êtes tagué sur Facebook dès que vous avez le malheur de remuer un orteil, ces gens-là réussissent à sortir un album sans laisser filtrer la moindre information sur leur identité. Un homme, une femme, c’est tout ce qu’on sait. Pour le reste, ce pourrait aussi bien être des esprits de la forêt venus hanter notre inconscient, des fantômes bien décidés à troubler notre sommeil ou des adeptes d’une secte inquiétante chargés de soumettre nos âmes souillées à des rites purificateurs. C’est justement ce qui est intéressant chez Savaging Spires: leur musique résonne comme une invitation à laisser vagabonder notre imagination. Très vite, on sort des sentiers battus et on s’enfonce dans une forêt sonore à la fois troublante et stimulante. Imaginez que vous ayez été enlevé pendant votre sommeil et qu’au lever du jour, aveuglé par le soleil, vous vous réveilliez dans une forêt floue, entouré d’ombres sans visage, bercé par des voix diaphanes et le son lancinant d’instruments médiévaux et vous aurez une vague idée du sentiment que procure la musique de Savaging Spires.

J’ai lu de ci de là que d’aucuns considèrent déjà cet album comme un futur classique. Il est évidemment trop tôt pour l’affirmer mais ce qui est certain, c’est que ce disque est extraordinaire, au sens propre du terme. J’ai rarement entendu un album (à part, peut-être , The Pipers at The Gates of Dawn de Pink Floyd) qui provoque à la fois un tel sentiment de malaise et un tel pouvoir d’addiction. Depuis que je l’ai découvert, je ne peux plus m’empêcher de l’écouter. C’est comme si j’étais guidé par une force irrésistible. Et pourtant, la musique de Savaging Spires est difficile d’accès. A chaque nouvelle écoute, j’ai l’impression de m’enfoncer de plus en plus profond dans une forêt mystérieuse et d’y découvrir des ramifications insoupçonnées. Habile mélange d’acid-folk désarticulé et d’harmonies vocales fantomatiques, Savaging Spires accrédite à chaque seconde l’existence d’un univers parallèle. A aucun moment, on ne se sent en sécurité dans cet univers. C’est la grande force du disque que de sortir l’auditeur de sa zone de confort. A la fin de la dernière piste, vous sortez groggy, comme si vous émergiez d’un bad trip aux acides. Effet garanti pour les amateurs de sensations fortes. Âmes sensibles, s’abstenir!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Afficher les boutons
Cachez les boutons