Les trésors cachés – Ep.3 : The Walkmen – You & Me

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Cher lecteur, me voilà de retour après une petite escapade parisienne. Escapade professionnelle – suis-je au regret de t’annoncer, toi dont l’imagination prolifique vagabonde sans relâche – et gastronomique, car il serait injuste d’occulter ce délicieux magret de canard au Banyuls dégusté dans un charmant restaurant du 3ème arrondissement, Le Bistrot de L’Oulette. Ajoutez à cela l’excellente bouteille de vin du sud-ouest dont j’ai trop abusé pour m’en rappeler le nom et vous aurez une idée plus précise de la façon dont mes collègues et moi préparons un séminaire commercial. 
Après un premier paragraphe qui ne suffira sans doute pas à satisfaire les grognons qui trouvent que J’ai tout lu, tout vu, tout bu…traite trop peu souvent du boire et du manger, j’en reviens, cher lecteur impatient, à mes moutons. Cette escapade parisienne m’offrant à peu près cinq heures de trajet ferroviaire à combler , je m’étais muni d’une passionnante lecture dont je te ferai part bientôt et d’une tablette musicale ou MP3 (comme disent les jeunes) préalablement remplie d’albums propices au repos et à la relaxation. J’ignorais alors qu’un défaut de signalisation de la SNCF m’offrirait le plaisir d’une heure d’écoute musicale supplémentaire. Je ne remercierai jamais assez la Société Nationale des Chemins de Fer et ses agents, plus incompétents les uns que les autres, pour m’avoir permis, par un retard savamment orchestré, d’atteindre le terminus de ma liste d’écoute. Un disque trop tôt jeté aux oubliettes, zappeur compulsif que je suis, et que je ne me féliciterai  jamais assez d’avoir redécouvert. Car, s’il y a un album qui mérite de figurer dans la rubrique des trésors cachés, c’est bien ce You & Me de The Walkmen.
Injustement méconnus, The Walkmen sont sans doute l’un des groupes les plus remarquables de la scène indé des années 2000. Ce qui fait leur richesse et explique paradoxalement leur manque de reconnaissance, c’est leur volonté d’épuration des morceaux, leur capacité à créer des ambiances mélancoliques entrecoupées d’élans vocaux aussi intempestifs qu’exceptionnels. Autrement dit, The Walkmen ne cherchent pas le tube qui les rendraient célèbres mais se recentrent sur l’intime et les émotions. Considérés comme l’un des grands espoirs de la scène rock new-yorkaise après quelques très bons albums garage-rock, montés en flèche avec le titre The Rat tiré de l’album Bows & Arrows, le groupe, orchestre un nouveau virage en 2008 avec l’album You & Me. Un disque lumineux dans lequel l’énergie le plus souvent contenue explose par instants dans la voix de Hamilton Leithauser, écorché vif quelque part entre Bob Dylan et Julian Casablancas. La comparaison avec les Strokes n’est d’ailleurs pas déplacée tant The Walkmen auraient pu connaître la même trajectoire s’ils n’avaient fait le choix d’explorer la profondeur des sentiments plutôt que d’enfiler les tubes. Groupe au charme suranné, capable de sortir des sentiers battus du rock pour livrer un rock mélancolique, toujours à la limite de la rupture, The Walkmen cultivent l’élégance et échappent aux effets de mode de la presse musicale en ne reniant jamais leur singularité. Un groupe rare à  découvrir de toute urgence.

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