J’ai entendu : Algiers – Algiers

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Où il est question de châteaux de sable, de bateaux de fortune, de la mer en arrière-plan et de corps immobiles…

La mer.

La mer qui nous appelle quand viennent les beaux jours. La mer qui fait la révérence et puis qui se retire. La mer où l’on accourt, chaque été, pour noyer ses soucis. La mer qui reflète le soleil et a le goût des larmes.
La mer, comme un eldorado, comme la fin d’une époque. Le sable duquel émergent des châteaux éphémères, aussitôt construits, aussitôt balayés. Les vagues où les enfants, petits ou grands, s’amusent à se faire peur. Les vagues qui roulent en grondant et emportent tout sur leur passage. La mer où l’on se jette, hilares et insouciants, nous qui sommes nés du bon côté.
La mer, comme un eldorado, comme la fin d’une époque. La mer que l’on traverse, au péril de nos vies, sur des bateaux de fortune. La mer, comme un dernier voyage vers une vie meilleure. La mer comme un cimetière dans lequel se noient nos lendemains qui chantent, nous qui ne rirons plus jamais, nous qui n’avons pas eu la chance de naître du bon côté.
La mer se moque bien de nous, minuscules créatures scotchées à nos lopins de terre. Jouons, rions, bronzons, gros culs ensablés et oreilles bouchées. Ce sont les vacances, après tout, non ? Et puis, à la rentrée, la photo d’un enfant fera le tour du monde, la mer en arrière-plan. La mer est derrière nous. Peut-être qu’il temps de s’indigner un peu…
Cette image sur tous les murs, la mer en arrière-plan. La colère fait surface, roule, gronde, comme une mer qui se gonfle. Les poumons se remplissent. On voudrait bien crier. On cherche une musique qui ferait résonance et on se souvient des rumeurs d’Algiers. Alger, de l’autre côté de la mer, à nos portes et si loin en même temps.
Le groupe américain est hanté par d’autres fantômes, sans doute, par d’autres corps immobiles sous d’autres latitudes. A chacun ses images. Et, pourtant, c’est la même colère qui les habite, avec cette double tentation : lui laisser quartier libre, secouer les consciences, créer des incendies quand l’indifférence gagne du terrain, ou alors essayer de la canaliser, la malaxer jusqu’à ce que quelque chose de bon en émerge, transformer le magma incandescent en nourriture spirituelle. Chasser le loup ou soigner les brebis, Algiers ne choisit pas. Leur musique, mêlant rock et gospel, laisse place à toutes les formes de révoltes et fait superbement écho à la mienne.

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