Neuf mois qu’on l’attendait, qu’on scrutait le ventre maternel, attentifs au moindre mouvement, au plus léger soubresaut. Et, par une belle nuit de septembre, Léa décide de montrer le bout de son nez. 

Elle est là, Léa. L-É-A. Dans mes bras. 

J’étais déjà papa. D’un garçon. Mais avec une fille, je deviens Dieu. Et demi. C’est ce que m’a dit un de ceux qui savent ces choses-là.

Léa, elle est pas seule sur terre, elle est pas intérimaire, elle est pas sortie d’une chanson de Louise Attaque. Mais quand elle pose ses grands yeux sur moi, c’est comme si le monde autour s’arrêtait de tourner. Ou alors, au ralenti. Je regarde ses petites mains et je la vois pianiste ou dactylo. J’entends ses pleurs et je l’imagine chanteuse ou institutrice. Dans le tram, j’observe, du coin de l’œil, un groupe d’adolescentes et je me demande à laquelle elle ressemblera.

Les enfants ont cette façon bien à eux de dilater le temps. Les enfants, d’un simple battement de cil, savent vous rendre le monde meilleur.

Les membres de Kid Wise n’ont pas 20 ans – ou alors, à peine – mais ils ont tout compris. Leur musique sonne comme une évidence. C’est comme si elle avait toujours été là, près de nous, mais insaisissable. Aussi essentielle que l’air qu’on respire mais, depuis longtemps, enfouie au fin fond de notre subconscient.

En écoutant Kid Wise, c’est comme si on voyait à nouveau le monde avec des yeux d’enfants. Comme si tout était source d’émerveillement, de magie. Comme si on retrouvait le gamin qui sommeillait à l’intérieur de nos corps appesantis et de nos esprits sclérosés. C’est le son d’un nouveau départ.

Ils ont choisi d’appeler leur nouvel EP Renaissance. On n’aurait pas pu imaginer meilleur nom pour ces trois titres qui réinventent la pop made in France avec un aplomb et une audace déconcertants. Depuis La Sagesse, on les savait bons élèves. Avec ce nouvel essai, ils ajoutent des cordes et des cuivres à leur arc et confirment tout le bien qu’on pensait d’eux. Les carcans, les formats, les petits calculs de rentabilité, ils écartent tout ça d’un revers de main. Renaissance véhicule une fraicheur et une liberté revigorantes. Allez, je vais en reprendre encore une bouffée avant de m’endormir…