Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.78: Iori’s Eyes

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Les vacances, c’est pour chacun le temps de faire une pause. Oubliés les petits tracas du quotidien. Les pieds dans l’eau, la tête sous un canotier, on profite de l’instant sans penser à la veille ou au lendemain. Douce insouciance. Les problèmes rangés dans une boîte la veille du grand départ, enfermés à double tour avant de prendre la clé des champs. On les manipule avec dégoût, du bout des doigts, on se pince le nez avant de prendre la poudre d’escampette. Sur la route des vacances, on appuie un peu plus fort sur l’accélérateur. Arriver plus vite. Oui. Mais, surtout, s’éloigner, partir loin, très loin de cette odeur pestilentielle. S’ouvrir enfin les poumons. Respirer. On laisse la noirceur au vestiaire et on s’élance sur la piste de jeux, le cœur tout neuf, le corps en émoi, prêt pour de nouvelles aventures. Chenille devenue papillon, on s’envole vers d’autres horizons. Jusqu’à ce que, rattrapés par nos pesanteurs, nos battements d’ailes se fassent plus approximatifs. On perd alors de l’altitude jusqu’à piquer du nez dans des eaux froides et polluées. Lente dégringolade. Les poumons s’emplissent d’eau, la respiration se fait plus difficile. Lutter de toutes ses forces pour se maintenir à flots et regagner le rivage. Épuisé mais vivant. Plus que jamais la somme de nos deux parties. La grande et la petite. La forte et la fragile. La belle et la laide. Épuisé mais, malgré tout, vivant. Funambule marchant entre la lumière et l’obscurité. Entre les deux faces opposées de notre âme. C’est, à n’en pas douter, la quête de cet équilibre fragile qui a guidé le duo italien Iori’s Eyes au moment d’écrire leur premier album Double Soul, petit trésor d’exploration de l’âme et de ses tréfonds.
En l’occurrence, le titre de l’album est une porte d’entrée parfaite dans l’univers du groupe. Double Soul, c’est d’abord l’idée de dualité. Deux membres, Clod et Sofia, qui offrent une musique tout en contrastes, entre deamy-pop et électro-soul. Une musique qui marie rythmes de basse puissants et voix fragile, parfois chuchotante. Deux cœurs, deux âmes, deux corps qui finissent par ne faire plus qu’un comme le suggère habilement le visuel de l’album. Une fusion merveilleusement atteinte sur le titre The Merging  où les deux voix s’entrelacent dans une parfaite harmonie. Cette dualité de l’âme s’exprime aussi par le parcours qu’elle a dû traverser, d’abord brisée par la souffrance avant de se reconstruire. En effet, Wake Up Friend, le morceau sur lequel s’ouvre l’album, est adressé à un ami tragiquement disparu. La suite du disque est une vaste entreprise de reconstruction de l’âme, guidée par le pouvoir cathartique de l’écriture. Il se dégage de Double Soul une volonté héroïque de briller dans l’obscurité. La douleur originelle ouvre la voie à une renaissance magnifique. La voix unique de Clod, entre tendresse et vulnérabilité, crée une atmosphère fragile et romantique. Un sentiment d’intimité et de sincérité irradie les douze titres de l’album. Si, musicalement, cette atmosphère n’est pas sans rappeler James Blake ou Portishead, il faut reconnaître à Iori’s Eyes a le mérite de créer un univers très personnel que ce soit au niveau des ambiances ou au niveau des textes, superbement écrits. Double Soul fait partie de ces disques qui ne laissent pas indifférents. L’implication de ses auteurs est telle qu’il est impossible de ne pas se laisser submerger par l’émotion. L’album s’impose à l’auditeur, presque malgré lui. C’est le disque de la sérénité retrouvée après les tourments, de la réconciliation des deux parties de l’âme. Quelque chose de beau et de vivant, tout simplement…

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