Où il est question d’un petit garçon, d’un vieux vagabond, d’un chien errant et d’un Blaze qui porte bien son blase…
Petit garçon, ne te moque pas du vieux vagabond qui aboie au bord de la route. Remballe ton rire pour d’autres occasions et demande-lui plutôt de te raconter une histoire. Sous son sous vieux chapeau, il y a plus de pages que dans toutes les bibliothèques. Dans sa barbe grise, plus de vies que tu n’en vivras jamais. Et, dans ses yeux délavés, assez de soleil pour te tenir chaud jusqu’à la fin de l’hiver.
Petit garçon, assieds-toi à ses côtés, regarde-le sortir sa vieille guitare, presque aussi cabossée que lui, et ouvre grand les oreilles. Tout le monde passe, le monde tourne, mais, lui, il est droit dans ses bottes et il chante, la nuit venue, près des nightclubs et des bars. Peut-être qu’il est fou. Il faut l’être un peu pour voir ce que les autres ne voient pas. Mais qu’importe si les gens ordinaires le chassent à coups de pied au cul, ce ne sont pas leurs chansons ordinaires qu’on fredonnera dans quarante ans.
Blaze Foley – prononcez “folie”, si ça vous chante – porte bien son blase. De l’aveu même de son ami Townes Van Zandt, il est devenu fou une fois et n’en est jamais revenu. Traînant ses guêtres et sa guitare dans les rues des villes texanes, chien errant, sans collier ni attaches, engagé mais pas enragé, il a semé sur sa route quelques pépites entre country et folk, avant de se faire tirer dessus pour d’obscures raisons en 1989.
Un quart de siècle plus tard, le label indépendant Elite Records s’apprête à sortir Sittin’ by the road, qui regroupera ses premiers enregistrements. Parmi les douze titres de l’album, on retrouve des hits comme Clay Pigeons et If I Could Only Fly qui seront ensuite repris par Willie Nelson et Merle Haggard. On découvre surtout une écriture remarquable servie par une voix qui en a vu d’autres. Bref, un disque à déguster sans modération.
