J’ai entendu : Marietta – Basement Dreams are the Bedroom Cream

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Où il est question des motifs du tapis, du parking du supermarché, des diktats du temps qui passe et d’échappées belles…

Décembre. L’année passe lentement et de travers. Le ciel est gris dégueulasse. La nuit tombe à la renverse et le jour s’est levé du pied gauche. Je me réveille et je ne sais pas très bien où j’en suis. Je bois trop pour avoir les idées claires mais pas assez pour oublier. J’avale distraitement mon café et je traîne en robe de chambre. Je regarde mon cafard envahir lentement les murs de ma chambre.

Les motifs du tapis me donnent le tournis. Alors je ferme les yeux et j’essaie de penser à autre chose, à quelque chose d’agréable. Je repense à  cette fille sans nom, sur le parking du supermarché, et je me branle. Aux heures sombres, même le sexe est triste. J’essaie de ne plus penser à rien. Je me recroqueville, je m’annule, mais le tic-tac d’une horloge me rappelle aux diktats du temps qui passe.

Autrefois, cette chambre était remplie d’espoirs. Plaquées au mur, des stars de cinéma, des chanteurs de rock, des filles de magazines. Et maintenant, plus rien que des fantômes et mon cafard, qui grimpent le long de mes couvertures. Ma vie est une chanson triste et, quand je commence à me dire que plus rien ne viendra me sauver, j’entends la musique de Marietta.

MariettaBasement Dreams are the Bedroom Cream a été enregistré aux heures sombres, dans une chambre semblable à la mienne, à grands renforts de nicotine et caféine. Surtout, ne pas dormir, rester en alerte, prolonger l’état d’urgence. Creuser en soi, jusqu’au petit matin, un tunnel entre l’adulte aux espoirs délavés et l’adolescent aux rêves fous. Se rappeler cette fille qui soufflait au plafond la fumée de sa cigarette et, sur les murs, côte à côte, Michael Jordan et Kurt Cobain…

Expérimenter, se tromper, raturer, mettre un coup de Tipex, enregistrer sur de vieilles cassettes que l’adolescent avait laissées posées là, négligemment. Leur redonner une deuxième vie, une deuxième chance. Renaître sous une autre peau mais renaître quand même. A l’adulte à bout de souffle que l’on était en train de devenir, offrir un nouveau départ, de nouvelles destinations. Prendre feu à nouveau, mais différemment. On n’a plus vingt ans, après tout. Mais quand même…

Tout n’est pas perdu. La chambre n’est pas qu’une prison. Nous avons encore assez de force pour pousser les murs. Face à la solitude, face à la claustrophobie, nous sommes encore capables de fulgurances et d’échappées belles. Peut-être…

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