Marlon Williams, le chanteur aux mille vies

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Le jeune Néo-Zélandais Marlon Williams sort un premier album aux sonorités country qui défie les genres et les époques…

Parfois, j’aimerais croire qu’on a plusieurs vies. Imaginez que vous ayez complétement foiré celle-ci, il vous en resterait une autre  – plusieurs, qui sait ? – pour vous rattraper. Un peu comme au permis de conduire, chaque fois, on reviendrait plus expérimenté, mieux armé à déjouer les pièges. Bien sûr, on garderait les souvenirs de nos vies passées dans notre mémoire interne. Ça nous ferait plein d’histoires à raconter à nos petits-enfants. L’idée est séduisante, non ?

Dans une autre vie, j’aurais été prince ou courtisan, dandy ou poète, acteur de cinéma ou danseur-étoile, conducteur de train ou allumeur de réverbères. J’aurais été beau, laid, chanceux, pas verni, aimé, adoré, adulé, ignoré, hué, houspillé, vilipendé, exécuté sur la place publique. On m’aurait construit des statues, j’en aurais construit aussi. J’aurais été un homme, une femme, un enfant. J’aurais rêvé les rêves d’une jeune fille qui me ressemble. Et, de toutes ces vies, j’en aurais fait des chansons. Des tristes, des joyeuses, des qui commencent mal et des qui finissent bien.

Au fond, peut-être que c’est déjà le cas. Peut-être que la vie est un cercle et pas une ligne droite. Peut-être qu’à chaque fois qu’on meurt, on renaît ailleurs sous un autre nom, une autre peau.  Peut-être qu’un mec, aux aiguillages, est chargé d’effacer nos mémoires. Peut-être que quelques élus, ou peut-être simplement des resquilleurs, échappent aux contrôles et gardent leurs souvenirs intacts. Ça expliquerait Marlon Williams.

Marlon Williams LP

Parce que, sinon, vous ne me ferez pas croire que ce garçon n’a que 25 ans. C’est impossible. A 25 ans, on n’a rien vécu ou presque, pas assez en tout cas pour chanter comme si le monde venait de s’écrouler autour de vous, comme si vous étiez le seul à pouvoir le pleurer, comme s’il vous incombait d’enfouir les cadavres, comme si vous deviez avaler toute la noirceur, toute la solitude et tout le whisky et comme si vous alliez vous en sortir malgré tout.

C’est sûr, Marlon Williams a vécu plusieurs vies. Sinon, comment aurait-il pu “perdre sa femme en 1989” (Strange Things) ? Comment aurait-il pu être une jeune fille (When I was a Young Girl) ? Chacune de ses chansons est un personnage, une vie à part entière, un destin en condensé. C’est ce qui les rend si différentes les unes des autres et si intenses qu’elles vous donneront la chair de poule.

Loin des modes et de l’air du temps, dont il n’a visiblement que faire, Marlon Williams signe un premier album sensible et audacieux. Un disque venu d’on ne sait quand et porté par une voix qui n’a pas fini de nous hanter. Il faudrait être sourd pour nier l’évidence. Ce disque-là, je vous le garantis, est de ceux qu’on écoutera encore dans cinquante ou soixante ans.

 

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