J’ai entendu : Shaun Martin – Seven Summers

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Où il est question de l’anniversaire de je ne sais plus qui, de ta jupe qui virevoltait, de l’importance d’un soupir et d’un classique des temps modernes…

Il y a sept ans, je ne te connaissais pas encore. Nous vivions chacun dans nos bulles, inconscients de l’existence de l’autre. Et, puis, un soir, on s’est croisés. Une grosse soirée, l’anniversaire de je ne sais plus qui. On aurait tout aussi bien pu ne pas y être, mais on y était. J’errais, un peu cabossé, un peu bancal, un peu plus saoul que de raison. Je ne savais pas ce que je cherchais et je t’ai trouvée. Je me souviens, je me souviens très bien, de ta jupe qui virevoltait au son de la musique et de ton sourire qui transperçait les nuages de fumée.

Sept ans, c’est long. En sept ans, j’ai fait la fête, j’ai fait le con, j’ai fait l’amour, j’ai fait le mort, j’ai fait la gueule. J’ai caressé l’espoir, j’ai caressé tes seins, j’ai caressé ton ventre arrondi, j’ai caressé les cheveux des deux enfants qui nous ressemblent. Et, dans un an et quelques semaines, ça fera sept ans depuis ce premier soir où j’ai cherché des tatouages sous ta jupe. Je n’étais bon à rien et, maintenant, me voilà bon à marier.

Sept ans, c’est aussi le temps qu’il aura fallu à Shaun Martin pour donner naissance à Seven Summers, son premier album solo. Sept ans à rire, à pleurer, à jouer (avec Snarky Puppy, notamment), à rêver. Sept ans à vivre, à se laisser le temps d’expérimenter et à offrir encore un peu plus de carburant à son inspiration. A ignorer aussi les injonctions plus ou moins tacites de l’industrie musicale et du monde moderne à produire sans tarder.

Sous ses abords disparates, Seven Summers est avant tout un album qui vit, qui respire. D’abord, c’est un corps qui danse au rythme de la fête (One Big Party). Ensuite, c’est un cœur qui bat au rythme d’un amour qu’il voudrait éternel (Love, Don’t Let Me Down). Plus loin, c’est un esprit qui s’élève en rendant hommage à ses modèles (Madiba, hommage à la vie de Nelson Mandela). En se donnant le temps de prendre son temps, Shaun Martin a su s’affranchir de toutes les pesanteurs pour réussir un album qui lui ressemble vraiment, le reflet de son cheminement. Dans la vie comme dans la musique, ne sous-estimons pas l’importance d’un soupir ou d’un silence.

C’est un disque où l’amour de la musique transparaît, que ce soit dans son pouvoir d’élévation spirituelle de l’individu ou dans l’expression d’une énergie collective, le genre d’albums qui laisse à penser que le jazz ne mourra jamais. Un classique des temps modernes.

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