22 régions 22 groupes – Ep.4 : Erotic Market (Rhône-Alpes)

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Ami lecteur, toi qui, mieux que quiconque, connais les secrets de l’existence, est-ce que tu crois au destin? Il me semble que, par moments, tout à coup, la vie s’emballe. Tel un pur-sang aveugle, rétif aux figures et aux destinations imposées, elle se met à poursuivre de folles arabesques. Elle erre sans but évident, sans conscience apparente de sa destination, comme un voyageur du désert, égaré, assoiffé, se laissant séduire par le premier mirage venu. Elle ne laisse rien transparaître de ses intentions ou d’un quelconque plan. Et puis, sans prévenir, voilà que de l’obscurité surgit la lumière. Cette fleur que tu cueilles, cette fille que tu embrasses avec tendresse, cet enfant dont tu caresses la tête avec amour, cela aurait très bien pu ne pas être sans le secours d’un destin capricieux pour vous mettre en présence. A l’instant précis où je te parle et où tu me lis, tu n’imagines pas la myriade de connections, d’improbables scenarii, qui ont rendu possible la rencontre virtuelle de nos deux intellects. Cela aurait pu ne pas être et, pourtant, cela est. De la même façon, considère le cheminement qui m’amène à te parler aujourd’hui d’Erotic Market – non, René, ne t’emballe pas, ce n’est pas un nouveau sex-shop qui vient d’ouvrir au coin de ta rue – c’est là aussi pure coïncidence. Et pourtant, à l’instant très précis où j’écris ces lignes, rien ne me paraît plus évident. Erotic Market, bien que leur nom de groupe suggestif ait failli me coûter mon emploi, est très certainement le projet le plus intéressant en France actuellement et puis, ça tombe fichtrement bien puisqu’ils sortent aujourd’hui – ou hier, selon l’heure à laquelle j’arriverai au bout de cette chronique – leur premier single. Je t’invite donc à prendre métaphoriquement le TGV Rhin-Rhône, direction Lyon et à pénétrer dans l’univers flashy d’Erotic Market.
Construit sur les vestiges du groupe N’Relax, Erotic Market réunit Marine Pellegrini et Lucas Garnier dans un joyeux exercice de cabrioles entre les styles. R&B, hip hop, electronica, trip-hop, new soul, l’univers du duo en studio, mais quatuor sur scène, échappe à toutes les tentatives de catégorisation, se faufilant jusqu’aux oreilles de l’auditeur telle une anguille sonore et multicolore. De ce métissage hétéroclite naissent un univers exubérant et une personnalité pleinement assumée. La palette vocale de Marine s’élargit considérablement. Alors qu’auparavant, elle exprimait une tristesse ou une fragilité, elle s’affirme aujourd’hui haut et fort dans toutes ses nuances, parfaite complice des expérimentations de son acolyte. Ce qui est séduisant chez Erotic Market, c’est cette volonté, qu’on rencontre trop rarement, de ne ressembler à personne d’autre, de proposer quelque chose d’unique et d’inouï, de prendre le risque de déplaire pour ne pas se mentir à soi-même. Explorer de nouveaux territoires et marier des influences que l’on croyait inconciliables, comme des cuisiniers fous ou des apprentis sorciers, voilà assurément la recette gagnante. On s’égare dans les méandres de leur pop labyrinthique. Leur musique interpelle, intrigue, questionne, fascine, passionne mais, à aucun moment, n’indiffère. Ces gens-là ont tout compris. Ils ont un coup d’avance sur tout ce qui se passe musicalement aujourd’hui dans notre pays. Mutants, hybrides, polymorphes, sophistiqués, ils sont d’ores et déjà ancrés dans le futur et n’ont rien à envier à leurs homologues anglo-saxons. Le 26 novembre prochain, ils partageront l’affiche avec Alt-J à Lyon. Avec le TGV Rhin-Rhône, et sans métaphore, je pourrais bien me laisser tenter…

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