Hopla Geiss – Ep.9 : Bal Pygmée

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D’après Forrest Gump, la vie, c’est comme une boîte de chocolats. Mais, à y regarder de plus près, la vie s’apparente aussi à un test d’acuité visuelle grandeur nature. Elle est là, sous ton nez, l’étincelle prête à enflammer ton petit cœur fragile. Tellement là qu’il te suffirait presque de te baisser pour la ramasser. Elle est là, la flamme de l’amour qui vient te lécher les orteils comme un chaton affectueux. Et toi, inconscient de cette proximité pleine de promesses, tu t’absorbes dans la contemplation du petit avion rouge en bout de piste, amas de ferraille virtuelle qui aspire à des horizons lointains mais jamais ne s’envole. Tu rêves d’ailleurs et perds de vue les trésors qui t’entourent. Guidé par l’illusion de cette myopie volontaire, tu échafaudes des stratégies d’évasion complexes alors que l’aventure t’attend au coin de la rue. Tu vois le monde et les autres en noir et blanc. Tu fermes les persiennes alors qu’il serait si facile de laisser entrer les couleurs, de les laisser se mélanger dans une même farandole. « L’avenir de l’humanité, le métissage », chante Malika en introduction de Lacrimosa. En une phrase qui pourrait leur servir de manifeste, voilà résumée toute l’essence de Bal Pygmée. Intense marmite musicale, à la croisée des chemins, la musique de Bal Pygmée ne laisse personne sur le bord de la route. Elle s’adresse aussi bien aux déracinés et aux autochtones, aux expatriés et aux apatrides, aux gens du cru et à ceux qui sont loin de chez eux. Elle rappelle à chacun cette vérité essentielle qu’il n’y a de bonheur possible que dans l’échange et le partage. Rien que pour ça, ils mériteraient d’échanger leurs médailles en chocolat contre une belle médaille d’or. Mais, dans un monde où on se pâme devant la dernière actrice qui se pique de pousser la chansonnette, c’est pas vraiment gagné d’avance.

Bal Pygmée, disais-je avant de digresser, c’est un voyage musical insolite entre musette, transes du maghreb, chanson engagée et dialecte alsacien. Un attelage improbable qui, entre les mains de la charismatique Malika Bouchama, prend des proportions vertigineuses. La chanteuse mimique, trépigne, gesticule, aimante le public. Il émane de sa personne une irrésistible attraction magnétique, un sens aiguisé de la mise en scène, hérité de sa formation théâtrale, dont très peu de chanteuses peuvent se prévaloir. De sa voix chaude et envoûtante, tour à tour elle berce, revendique, dénonce, subjugue, ensorcelle. Sans même s’en rendre compte, l’auditoire devient captif de cette douce magie. L’addiction est immédiate, totale et irréversible. J’avais rarement eu l’occasion de voir sur scène un tel Objet Musical Non Identifié. En quelques secondes à peine, j’étais déjà sous le charme. L’univers de Bal Pygmée est d’une incroyable inventivité, à la fois captivant, désenchanté et riche en nuances. Si Malika joue les meneuses de revue avec emphase et élégance, le reste de la troupe est loin d’être cantonné à un simple rôle de faire-valoir. Non seulement les musiciens fournissent un écrin instrumental à la démesure de leur bouillonnante frontwoman mais ils n’hésitent pas aussi, quand il faut, à donner de la voix pour faire bouillir la marmite encore un peu plus fort. Et lorsqu’il s’agit de chanter en elsassich, c’est le multi-instrumentiste Franck Bornert qui s’y colle, en lieu et place de Malika, die heiss nix (corrigez moi si je me trompe) Monica, tous deux accompagnant la chanson de souples mouvements de hopla-hoop. Qui osera dire après ça que le patois alsacien n’est pas sexy? Pas moi, assurément, dont la seule envie au sortir d’une telle prestation, est de les porter aux nues. D’ailleurs, si vous aussi, vous voulez les soutenir, cliquez ici et votez Bal Pygmée! Si vous êtes le 500ème, je me suis même laissé dire que le groupe vous réservait une belle surprise.

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