Les trésors cachés – Ep.19 : I See Angels – Artificial Sunshine

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Où il est question des braves gens, de la vraie vie, d’un miracle et de mon arche de Noé…

On m’interpelle parfois sur la place que la musique occupe dans ma vie. Ne devrais-tu pas, me dit-on, te préoccuper de choses plus importantes ? Les gens raisonnables – ou, comme disait l’autre, les braves gens, qui n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux – se bousculent pour me porter conseil, dressent des listes, longues comme des serpents venimeux, de choses sérieuses vouées à occuper mes journées. Ta passion, affirment-ils d’un ton péremptoire, te consumera. 
Qu’ils aillent se faire foutre. Que leur restera-t-il, à ces abrutis, quand leurs certitudes finiront par s’écrouler ? A quoi se raccrocheront-ils quand leur navire fera naufrage ? Au plus fort du déluge, la musique sera mon arche de Noé. La vraie vie est triste, prévisible. Il ne s’y produit jamais de miracles. La musique m’en offre régulièrement. C’est la musique qui sauvera le monde. Tenez, depuis quelques jours, je vois des anges.
I See Angels est un miracle. Alors que vous n’attendiez rien de spécial de cette journée, vous allez, à votre tour, être touché par la grâce. Respirez profondément. Gardez les yeux et les oreilles bien ouverts. Ce groupe, dont vous n’avez probablement jamais entendu parler, va changer votre vie. 
La musique de I See Angels n’a rien d’envahissant ou de tape-à-l’oeil. Elle ne vous fera pas de rentre-dedans, elle ne tambourinera pas bruyamment à votre porte. Elle n’aura pas besoin d’artifices pour se frayer un chemin jusqu’à vous. Il suffira de quelques notes pour que vous vous sentiez happé, irrésistiblement. Vous n’aurez pas le temps de comprendre ce qui vous arrive que ces mélodies doucement infectieuses vous auront déjà rendu complètement accro. 
Après deux albums passés (relativement) inaperçus, I See Angels vient de sortir Artificial Sunshine, un EP qui témoigne d’une ambition et d’une inspiration sans cesse renouvelées. La dream-pop des quatre de Manchester s’imprime inexorablement sur les parties sensibles de votre cerveau. Le falsetto troublant de Paul Baird distille les émotions avec une intensité dont peu de chanteurs peuvent se prévaloir. Mais ce qui est décisif sur ce court EP, c’est la variété et l’inventivité des compositions. On pense à Elliott Smith pour l’interprétation, à Radiohead pour l’ambition, à Mercury Rev pour les ambiances feutrées. Des références que l’on pourrait sans doute multiplier à l’envi et que I See Angels non seulement maîtrise mais, souvent, transcende.

Il est presque incroyable que I See Angels ne soit, pour l’instant, connue que de quelques happy few. Dans un monde idéal, le groupe aurait le monde entier à ses pieds. Un morceau comme Wide-Open est digne des plus grands. Merci à I See Angels de continuer malgré tout à rendre ce monde un peu plus beau.

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