J’ai entendu : Foals – Holy Fire

Browse By

Écrire sur la musique, c’est d’abord faire partager ses coups de cœur. Alors, quand un groupe que vous aviez découvert avant les autres finit par connaître le succès, vous en éprouvez un sentiment de fierté légitime. Je vous l’avais dit, n’est-ce pas? Mais, passée cette douce caresse de votre ego, vous ressentez un arrière-goût amer, comme un petit bout d’innocence perdue. Ce que vous aimiez tant et aviez été le premier à défendre est passé dans le domaine public. Ce que vous seul, depuis longtemps déjà, pressentiez, est devenu une évidence pour chacun. Le petit plaisir solitaire que vous vous octroyiez dans l’obscurité a tourné à la partouze généralisée. Vous vous croyiez unique, vous êtes noyé dans la masse. Triste sort. Ne valait-il pas mieux avoir raison tout seul? Nous philosopherons là-dessus une autre fois. En attendant, je laisse mon ego au vestiaire et je vous dis quelques mots d’un album tant attendu qu’il ne pouvait, selon les mauvaises langues, dans lesquelles je m’inclus, que décevoir : le nouveau Foals, Holy Fire
Considérez la question sous tous les angles. Après deux disques qui avaient mis la barre très très haut, les Foals étaient attendus comme le Messie, d’autant qu’ils nous promettaient le feu sacré. Je ne sais pas exactement à quel moment la formation de Yannis Philippakis a atteint ce statut. Demi-dieux de l’Olympe indé condamnés à la perfection, à l’impossible équation de ne pas décevoir les fans de la première heure tout en se montrant créatifs et originaux. Pari perdu d’avance. Certains – Muse, par exemple – ont fini, à ce petit jeu, par devenir leur propre caricature. Vu l’agitation suscitée par l’annonce de sa sortie, Holy Fire arrivait un peu comme l’enfant du couple royal britannique, avec tous les objectifs – les oreilles, en l’occurrence – braqués sur lui. Sans surprise, deux camps s’affrontent. Les grognons qui trouvent que Foals, c’était mieux avant et les ravis de la crèche qui se pignolent depuis si longtemps qu’ils sont incapables de faire autre chose que de crier au génie. Comme souvent, la vérité est entre les deux. Compte tenu des circonstances, les Foals s’en sortent plutôt bien. Dans l’intervalle qui s’est écoulé depuis la sortie de Total Life Forever, ils ont été tellement copiés qu’ils ne pouvaient pas rester immobiles. Ils l’ont bien compris, faisant preuve une nouvelle fois d’audace et d’inventivité sans toutefois aller dans le contrepied. Holy Fire, c’est une force tranquille. Le manifeste d’un groupe qui garde encore une longueur d’avance sur tous ses concurrents. Foals assume sa nouvelle dimension, sa capacité à remplir des stades de foot, mais sans renier ce qui fait son originalité. Sans donner non plus à l’auditeur lambda exactement ce qu’il attendait. Holy Fire est-il un chef-d’œuvre? Quelques écoutes supplémentaires seront sans doute nécessaires pour en juger mais, en tout cas, n’en déplaise aux oiseaux de mauvais augure, Foals continue d’avancer et d’imprimer sa marque sur le rock d’aujourd’hui. En cette ère de zapping généralisé, ce n’est déjà pas si mal.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Afficher les boutons
Cachez les boutons