Les trésors cachés – Ep.9 : Les Mentettes – Songs For An Imaginary Film

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Il pleut, je m’ennuie, je suis fatigué, bloqué au bureau toute la journée, notre équipe de foot a perdu, mon collègue ronchonne parce qu’il s’est pris une amende dans le tram. Bref, une journée parfaite pour regarder les mouches voler, rêver d’ailleurs, construire des avions en papier et voyager en musique. Faute d’avoir sous la main une mappemonde, je fais tourner mentalement la grosse boule bleue sur laquelle je gesticule quotidiennement au milieu de mes quelques milliards de semblables. Je ferme les yeux et pointe du doigt une partie du globe, le tout toujours mentalement et de manière totalement aléatoire. Statistiquement, j’ai sept chances sur dix de finir le doigt dans l’eau mais, le hasard faisant bien les choses, c’est au beau milieu de l’Argentine que s’achève mon geste. Bon, j’avoue, j’ai un peu triché pour être sûr de tomber dans l’hémisphère sud. En même temps, qui voudrait passer des vacances à Varsovie ou à Novossibirsk? Ainsi soit-il. Que connaît-on de l’Argentine? Vous, je ne sais pas, mais moi, à part Maradona, Messi et le tango, pas grand-chose. C’est loin, très loin, à peu près à l’autre bout du monde. Font-ils encore de la musique depuis la mort d’Astor Piazzolla? Je suis un peu à la rue. 
Et puis, je me souviens de cet album sur lequel j’étais tombé, tout à fait par hasard là aussi, il y a quelques semaines. Une pochette à tomber raide dingue. En noir et blanc, une jeune femme à la longue chevelure ondulante embrasse passionnément un être fantomatique couvert d’un drap blanc. Essayez un peu de vous enlever ça de la tête. Peine perdue. Et puis, ce titre: Songs For An Imaginary Film. Superbe, non? Avec une pochette et un titre pareils, on est forcément condamné à l’excellence. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le contenu proposé par Les Mentettes se situe encore bien au-delà de mes espérances. Ce disque est tout simplement phénoménal.

Décrit par le groupe lui-même comme la bande-son d’un film romantico-dramatique, Songs For An Imaginary Film tient toutes ses promesses. Avec pour fil conducteur une histoire d’amour impossible, Les Mentettes construisent ici un véritable chef-d’œuvre d’indie-folk orchestral. La virtuosité des compositions d’Adrian Rivoira semble ouvrir à tous les possibles. A aucun moment, le groupe ne laisse la monotonie s’installer. On va de surprise en surprise avec un disque qui navigue allégrement entre Beirut, Badly Drawn Boy, Françoise Hardy et David Bowie sans que rien ne semble jamais incongru ni déjà vu. Aux qualités de compositeur d’Adrian Rivoira s’ajoute le travail sur les textes de sa compagne, Geraldine Baron, qui contribue à instaurer cette dimension cinématographique à l’ensemble. Les arrangements vertigineux rappellent l’expérience orchestrale de la formation. Même dans une configuration plus restreinte, les cordes et les cuivres occupent toujours une place de choix chez Les Mentettes et viennent renforcer les émotions suscitées par les mélodies parfaites. Le dosage entre l’intimité du sujet et l’exubérance musicale est tout simplement optimal. On a envie de chanter, de rire, de pleurer, de crier, de danser et de ne plus jamais sortir de ce film imaginaire qu’on se plait à voir défiler sous nos yeux fermés. Songs For An Imaginary Film est l’un des plus grands disques de ces derniers mois et, à l’aune de cet album, Les Mentettes semblent promis à un avenir radieux.


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