J’ai entendu : Clock Opera – Ways to Forget

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21 juin. Fête de la musique. Vous avez à votre disposition une vieille guitare sans cordes, le xylophone en plastique multicolore de votre fils ou l’harmonica de votre grand-père déterré d’une grande malle poussiéreuse qui traînait au grenier? Alors, installez un tabouret sur le pas de votre porte et sonnez hautbois, résonnez musettes. Le bonheur institutionnalisé. Merci Jack Lang. Une fois dans l’année, vous avez le droit d’emmerder vos voisins avec vos sérénades. Les 364 autres jours, restez cloîtré chez vous à regarder TF1 et écoutez la musique dans des oreillettes. Les uns à côté des autres sans s’entendre, ni se toucher, seuls parmi la foule. Si la musique est orgasme, explosion sensorielle, on devrait la célébrer chaque jour. Imaginez un peu que je ne sais quel ministère, disons celui du Redressement Productif, décide d’instaurer une fête de la sexualité et que vous n’ayez le droit de faire l’amour qu’une fois par an, ce serait l’émeute. Et là, non. Les gens se déplacent en troupeaux lobotomisés pour aller fêter la musique à la date officiellement désignée, trop saouls pour l’apprécier à sa juste valeur et semant des immondices sur la voie publique. Que diable, indignez-vous! Moi, en signe de protestation, je reste à la maison et je n’écoute pas de musique de toute la soirée. Je fêterai la musique quand je l’aurai décidé mais, pour l’instant, je boycotte…Bon, d’accord, c’est au-dessus de mes forces. Sur J’ai tout lu, tout vu, tout bu, la musique, c’est 365 jours sur 365. Et puis, j’ai écouté cet après-midi un des très bons albums de ce premier semestre, le très attendu premier LP de Clock Opera, Ways to Forget.
Attendu parce que le quatuor londonien avait déjà ravi nos sens avec quelques singles d’une rare virtuosité et qu’on avait hâte d’entendre s’ils étaient capables de tenir la distance sur toute la durée d’un album. Avec Ways to Forget, on a notre réponse et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce disque est une réussite. En dix titres imparables, Clock Opera nous entraîne dans un univers chargé émotionnellement et foisonnant d’idées. Bien sûr, la voix cristalline de Guy Connelly s’impose à nos oreilles avec une évidence déconcertante. Mais ce n’est pas, loin de là, la seule raison qui me pousse à penser que Ways to Forget sera l’un des disques majeurs de l’année. Outre le falsetto grandiose de son chanteur, Clock Opera brille aussi par l’enthousiasme, la générosité et la force d’évocation de ses instrumentations. Même si les grincheux considéreront sans doute que les structures des morceaux restent assez similaires, sur le mode calme avant la tempête, ces crescendos vertigineux mêlant habilement divagations synthétiques et instruments plus traditionnels sont tout simplement irrésistibles. Un peu comme si les Clock Opera étaient les enfants illégitimes d’Arcade Fire et de Radiohead. Un savant mélange de chair et de machine qui s’exprime notamment dans le merveilleusement détraqué Move to The Mountains dont je ne suis pas prêt de me lasser. Il y a de la folie, de l’énergie, une soif d’expérimentation évidente dans leur musique qui n’ont pas fini de nous étonner. D’emblée, Clock Opera s’impose comme un groupe capable du meilleur et nous donne dix bonnes raisons ne pas les oublier. Magistral…C’est en interview et live de la BBC ci-dessous.

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