Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.70: The We Shared Milk

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Pour un mordu de musique indépendante comme moi, écrire des petites chroniques est une chose mais le gros kiff, ce serait quand même de participer activement à la réalisation d’un album. Plus j’avance dans ce blog et plus je me dis que c’est dans cette direction que se situe mon avenir. Au fur et à mesure que les contacts se nouent, je sens le moment se rapprocher. Activer les réseaux, saisir les opportunités, mais, en même temps, ne pas foncer tête baissée, rester lucide, ne pas se griller. Bref, soyons clair, je tortille encore un peu du cul, excité autant que soucieux à l’idée de plonger dans le grand bain. Comme un enfant au bord de la piscine qui a besoin qu’on lui tende la main ou qu’on lui mette un grand coup de pied aux fesses. Peut-être les deux. Faut-il jouer la sécurité et préserver le match nul, sans panache ou, au contraire, faut-il se jeter corps et âme dans la bagarre, pour la beauté du geste et sans arrière-pensée, au risque de tout perdre? D’autres, moins brillants que moi, ont mieux réussi parce que, justement, ils ne se posent pas ce genre de questions. Ils foncent simplement tête baissée, inconscients, insouciants, renversant tous les obstacles tels des chevaux rétifs. Je ne suis pas ce genre d’homme. Comme disait Brel, si je pouvais “être une heure, rien qu’une heure durant, beau et con à la fois”, je ne m’en porterais peut-être pas plus mal. En attendant, restent mes petites chroniques pour supporter les artistes qui le méritent et aussi, la possibilité, dans certains cas, de soutenir des groupes de manière plus directe et immédiate. Car, aussi doué soit-on, enregistrer un album requiert des moyens matériels et financiers qui sont parfois au-delà de ce que peuvent se permettre de jeunes musiciens fauchés. The We Shared Milk, trio originaire de Portland, a eu une idée originale pour surmonter cette difficulté, en faisant de leur projet une aventure collaborative.
Après avoir passé l’hiver à écrire et à enregistrer des démos pour leur premier LP, les trois membres du groupe se sont posés la question de savoir qui ils allaient solliciter pour enregistrer leur album. Et, là, Eurêka, la réponse leur est apparue dans toute sa simplicité. Pourquoi ne pas faire appel à d’autres groupes de la scène locale qui ont sorti avant eux des disques auto-produits? Pas bête. A tel point que nos trois garçons ont déjà réussi à réunir autour d’eux une dizaine de groupes de Portland dont chacun produira et enregistrera l’un des titres de leur nouvel album. Le défi pour The We Shared Milk sera d’enregistrer chaque titre en une seule journée avec uniquement à disposition le matériel du groupe accueillant. Bel exemple de solidarité. Comme quoi avec peu d’argent mais quelques bons amis, on peut aller très loin. Si le projet vous intéresse et que vous êtes séduit par les quelques démos en écoute ci-dessous, vous pouvez vous aussi apporter votre modeste pierre à l’édifice en soutenant financièrement la finalisation du processus. Au vu du talent des gaillards, de la qualité de leurs précédents EP et des comptes-rendus de concerts que j’ai pu lire, vous ne jetterez pas votre argent par les fenêtres, d’autant que les démos de l’album à venir témoignent d’un recentrage du trio autour de ce qu’il sait faire de mieux. Un peu plus en retenue, moins foufous que leurs précédents enregistrements, ces quatre titres démontrent la capacité de The We Shared Milk à se créer un répertoire original et efficace. Un peu moins énergique mais plus expressif, appuyé sur une section rythmique bien en place, une guitare nerveuse et une voix séduisante et légèrement voilée d’effets qui n’est pas sans rappeler celle de Julian Casablancas des Strokes. L’énergie n’est pas perdue, on sent qu’ils en ont sous la pédale et on les imagine en live tout à fait capables de balancer la sauce. Mais il y a aussi une maîtrise et une maturité évidente sur ces extraits qui font qu’il ne leur est plus nécessaire d’en faire des tonnes pour toucher juste. Quand on se dit que ce ne sont là que des “brouillons”, on a hâte d’entendre le résultat final. A mon avis, il y a toutes les chances que cet album soit brillant et n’impose définitivement The We Shared Milk comme l’un des groupes importants de ces prochaines années. A vous de juger…

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