J’ai entendu : Fyfe Dangerfield – Fly Yellow Moon

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Comme vous avez eu l’occasion de le remarquer, je suis un grand consommateur de musique. Ma curiosité en ce domaine est telle qu’elle n’est pas sans causer de dommages collatéraux. Certains disques sont parfois victimes de mes tentations encyclopédiques. A peine écoutés, ils s’en retournent dans leur étui, attendant bien sagement sous une couche de poussière qu’une main tremblante veuille les sortir de l’oubli quelques mois plus tard. Il en est qui, après avoir sommeillé dans mon étagère, ont vécu une seconde carrière pleine et intensive. Comme une amante délaissée qui finirait, au gré d’un hasard moqueur, par devenir la femme de votre vie. Il en est d’autres, au contraire, qui vous séduisent dès la première écoute et qui, plus jamais, ne vous quitteront. Un peu comme si, un  jour, un compositeur, dans sa chambre ou dans son studio, avait imaginé le disque dont vous aviez toujours rêvé. Vous mettez votre lecteur CD en route, et, tout à coup, la musique qui s’en dégage apparaît comme une évidence. Là, c’est sûr, mon vieux, vous êtes amoureux. Amoureux? D’un disque, vous déconnez, docteur? Allons, allons, vous ne pouvez plus vous en passer, vous voulez toujours être à ses côtés, il vous manque dès que vous ne l’entendez plus, il vous rassure quand il est là? Vous appelez ça comment, vous?
Il faut bien se rendre à l’évidence. Ce Fly Yellow Moon n’a pas quitté mon lecteur CD depuis plus d’un mois, je l’écoute au moins une fois par jour, il me calme, il m’apaise, me rend tout simplement heureux. Et, pourtant, comme toutes les grandes histoires d’amour, j’avais toutes les chances de passer à côté. Fyfe Dangerfield, leader des inégaux Guillemots, dont le premier album prenait la poussière dans mon range CD depuis maintenant plusieurs années, semblait prédestiné à végéter dans les ténèbres de mon oubli. Et puis il  a fallu qu’un disquaire entremetteur organise notre rencontre. Je m’en souviens encore. Sur la pochette, Fyfe, dandy costume-cravaté, marche au milieu d’un grand champ de fleur. L’élégance dans la simplicité. C’est ainsi qu’on pourrait résumer Fly Yellow Moon
Un album qui n’aurait jamais dû voir le jour. Des chansons que Fyfe Dangerfield ne pensaient pas enregistrer et c’est au final ce qui fait la force de cet album. Contrairement aux disques des Guillemots, il n’est pas surchargé musicalement. Au contraire, il est brut de décoffrage, enregistré dans des conditions proches du live avec des instruments acoustiques qui traduisent l’humeur du moment. On sent bien qu’il n’y a pas de calcul. L’album brille par son immédiateté. Les mélodies sont simples et irrésistiblement efficaces, elles foncent droit au cœur. Il est question d’amour, de nouveau départ. Et, quoiqu’il chante, la voix de Fyfe Dangerfield est toujours d’une justesse et d’une sincérité impeccables. Il y a de l’or dans cette voix capable aussi bien de se faire plaintive sur Barricades ou de réinventer She’s always a woman de Billy Joël. A Fyfe Dangerfield, rien ne semble impossible. Il possède un talent de songwriter rare, une faculté extraordinaire de façonner “the perfect pop-song”, un don après lequel nombre d’artistes courent mais que bien peu, en définitive, finissent par atteindre.
Un album inattendu, comme les plus belles histoires d’amour. Un artiste délivré de ses pesanteurs et qui joue maintenant dans la cour des très grands. Paul Mc Cartney, chanteur d’un petit groupe à succès dans les années 60 ne s’y est pas trompé, en avouant son admiration pour le talent de Fyfe Dangerfield.

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