En français dans le texte – Daisy Lambert

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Mais pourquoi, me direz-vous, cette nouvelle lubie de se mettre en quête de groupes s’exprimant essentiellement, voire exclusivement, en français? Je suis généralement ouvert d’esprit et peu enclin à pratiquer la préférence nationale sauf pour ce qui est du vin et des fromages. Certes, je souffre, et ce depuis mon plus jeune âge, d’une gainsbourite aiguë. Je suis même allé, un moment, jusqu’à croire que j’étais la réincarnation du grand Serge. Fort heureusement pour mon foie et mes poumons, j’en suis un peu revenu. Plus j’y réfléchis et plus je me dis que l’évènement déclencheur fut sans doute cette conversation téléphonique professionnelle avec une morue anglophone que, pour éviter tout risque d’attaque en diffamation, nous nommerons ici Mrs K. Cette vieille bique tenait à toute force à m’entretenir in english de ses petits problèmes. The more she insisted, plus je m’agaçais en français dans le texte. Ici, on est en France, on parle français, Madame. You’re not very serious, qu’elle me dit en passant. Fuck you, dirty bitch, pensais-je mais je ne rétorquais qu’un pâlichon “je vais mettre un terme à cette conversation” et, joignant l’acte à parole, raccrochais le combiné d’un geste théâtral. Il n’est pas exclu que, dans l’excitation du moment, je laissasse échapper un “connasse” bien de chez nous en guise de conclusion. Quand on parle la plus belle langue du monde, celle de Baudelaire, de Rimbaud, de Desnos, de Gainsbourg, de Brassens, de Brel et du French Kiss, pourquoi devrions-nous blablater dans la langue des Spice Girls? Mangeriez-vous des baked beans quand vous pourriez déguster un bon cassoulet? Commanderiez-vous du pudding dans un bouchon lyonnais? Heureusement, quelques irréductibles résistent encore à l’envahisseur et font sus à l’anglois (googletranslatisé, “font fuck at the English”). C’est le cas d’un joyeux luron lyonnais qui officie sous le pseudonyme déconcertant de Daisy Lambert. 

Adolescent, on avait avec mes potes ce jeu amusant, surtout après quelques bouteilles de breuvages fermentés, qui consiste à se créer son propre nom d’actrice porno. Prenez en prénom le nom de votre premier animal de compagnie et en nom de famille le nom de jeune-fille de votre mère et vous obtiendrez des résultats ébouriffants. C’est sans doute comme ça qu’est né(e) Daisy Lambert. Avouez qu’un mec avec un prénom de fille dans la capitale des Gaules, ça interpelle. Hybride, sensuelle et sexy, sa musique l’est aussi. Oscillant entre minauderie suave et orgasme électrique, à vous y faire perdre votre latin, Daisy Lambert ne craint pas les paradoxes. Il réconcilie la chanson française de haut vol des Gainsbourg, Bashung et compagnie et la french touch électro pour dancefloors survoltés (googletranslatisé, “la touche française électro pour pistes de danse survoltées”) et impose, en quelques titres seulement, un univers passionnant et attachant. Une voie nouvelle qui devrait en toute logique en faire l’un des leaders de la nouvelle pop made in French. Vintage sans être démodé, catchy sans être débile, sexy sans être vulgaire, le dandy lyonnais a plus d’un tour dans son sac. Je dois bien admettre que je me damnerais pour un voyage à Santorin ou pour rejoindre La Femme Fontaine dans ses ego trips. L’album est prévu pour avril 2013. Qu’on se le dise haut et fort, ça s’annonce carrément jouissif. Bref, vous l’aurez compris, ici, on kiffe grave…

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