En français dans le texte : Gontard!

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Dans notre société policée, on ne tolère les animaux sauvages que tant qu’ils sont inoffensifs. J’ai même vu, de mes propres yeux, le “microcosme”, auto-satisfait, se palucher devant des fauves aux dents de lait.

Les bêtes sauvages, les vraies, les enragées, n’ont pas leur place dans le zoo médiatique. C’est en marge, de l’autre côté des grilles, qu’elles construisent leur propre écosystème, où elles survivent et se développent.
Drôle d’animal que ce Gontard! Il parle. Il parle comme si c’était une question de vie ou de mort, comme s’il venait de passer une centaine de nuits blanches, au moins, à éventrer des feuilles de papier, à s’écorcher vif, à s’écarteler les sentiments. Il parle et il ne dit pas ce que tu as envie d’entendre. Je crois bien qu’il s’en fout, qu’il ne le fait pas pour toi de toute façon, qu’il t’emmerde aussi un peu, d’ailleurs. 
Il parle à la première personne. Partout. Tout le temps. C’est à se demander s’il dort, tellement il a de trucs à dire. J’imagine les pensées qui s’entrechoquent sous son crâne, la migraine qui ne le laisse en paix qu’une fois le flot tumultueux déversé sur papier quadrillé – et encore, pas pour longtemps.
J’imagine qu’il serait fou – à moitié ou complétement – s’il n’écrivait pas. Peut-être l’est-il déjà un peu. Sans doute, la forme d’écriture qu’il pratique a-t-elle des vertus thérapeutiques. Peut-être qu’il ne serait plus là s’il n’écrivait pas. Ou alors, peut-être que je suis juste con et que je ne pige rien à sa poésie déglinguée.
Gontard! met ses tripes sur la table. Ceci est mon corps, ceci est mon âme. Bouffez-en, de ces mots taillés dans le vif. Voilà ce qu’il semble dire à (presque) chaque instant. 
On se fourvoierait pourtant, en réduisant sa musique à un égotrip trempé dans la fange. Il y a une vraie forme de génie dans son travail. Pour que chaque mot, chaque phrase, te fracasse la gueule comme un direct à la pommette, il faut de la justesse et du placement. La musique de Gontard! est un Fight Club où les mots remplacent les poings. Il faut du génie aussi pour trouver le sample parfait, l’extrait innocent que les mots vont venir brutaliser.
Et puis merde ! Je pourrais en faire des tonnes mais la seule chose qui vaille la peine d’être dite, c’est que la musique de Gontard!, à chaque fois que je l’écoute, me retourne la tête et les entrailles. Et il faut croire que j’aime à être saccagé puisque c’est ça, précisément, qui me la rend si indispensable.

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