J’ai bronzé – Saison 1 – Episode 2 : De La Montagne

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Ami lecteur, c’est bien connu, les voyages forment la jeunesse. C’est en se lançant à la rencontre de l’autre, à la découverte de contrées et d’horizons nouveaux que les esprits s’enrichissent, que les vocations naissent, que les talents se révèlent. On ne fait pas de grandes choses en restant assis sur son canapé à attendre que la bonne fortune veuille bien nous rendre visite. Réussir, c’est choisir. Choisir, c’est renoncer. Renoncer à la facilité, au tout-cuit, à la paresse, à la procrastination, au statu quo. Partir un jour, comme disent les poètes, sans se retourner. Partir avec, pour seuls bagages, ses envies et ses rêves. Prendre le large, élargir le champ des possibles. Croiser d’autres vagabonds, additionner leur solitude à la nôtre, parcourir un bout de chemin ensemble, ne garder que le meilleur, se débarrasser du superflu. Respirer fort, vivre jusqu’à la démesure, ne pas se fixer de limites. Grandir, prendre de la hauteur, voir le monde d’en haut, atteindre les sommets. Regarder au loin, ne pas se laisser enfermer, faire le plein d’air pur. De la montagne, on voit le monde s’agiter, on surplombe les lumières de la ville. On voit tout sans être pris au piège. On prend de la distance par rapport au monde pour mieux l’englober du regard, pour mieux le croquer d’un coup de crayon. Monter très haut puis redescendre pour faire partager à bon entendeur un peu de cette ivresse des cimes. Débouler à toute vitesse, De La Montagne.

De La Montagne est un groupe à géométrie variable emmené par Camille, une jeune lyonnaise qui a l’air d’être un peu partie, un peu partout, au Canada, aux États-Unis. Elle a même été choisie en mai dernier pour participer à la Red Bull Music Academy à New-York. Seule ou accompagnée, Camille pratique une synthpop joyeusement lo-fi, idéale pour l’été. Avec ses mélodies à emporter en vacances, jouées sur des claviers Emmaüs en fin de vie, De La Montagne donne l’impression d’avoir tout compris à l’essence de la pop. Une musique positive, sans prise de tête, à laquelle des constructions complexes de beats électroniques confèrent une énergie dansante irrésistible. L’album Thighs Burned On Full Sunlight Parked Car Seats, sorti l’été dernier – oui, je sais, je le découvre tardivement – est une véritable machine à tubes. Il s’en dégage une certaine forme d’insouciance, un sentiment de jeunesse éternelle et d’invulnérabilité, un goût de transgression, un parfum de vacances ou de springbreak, des effluves de sexe, de sueur et de crème solaire. Ça sent les fins de soirées, quand les corps fatigués, imprégnés d’alcool et de désir, dansent mollement dans la moiteur d’une nuit d’été, quand les filles et les garçons se cherchent et se trouvent, quand ils s’enlacent, s’embrassent, s’entassent et se mêlent. La musique de De La Montagne, parfait mélange de nonchalance et d’énergie, est la bande-son de ces instants éphémères qui s’étirent à n’en plus finir. Devenu élastique, le temps n’est plus une contrainte. Il ne reste plus qu’à se laisser aller, qu’à s’abandonner lascivement aux notes suaves et mélodieuses de ces pépites pop. Au risque de finir les cuisses brûlées sur des sièges de voitures garées en plein soleil, je crois que je viens de trouver ma bande-son pour la route des vacances. Et si ça se trouve, happé par cette douce musique, je n’entendrai plus les “Papa, pourquoi ?” venus des sièges arrière…

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