J’ai bronzé – Saison 1 – Episode 3 : Belle Mare

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Bientôt le mois d’août. Les vacances. Comme tu as dû t’en apercevoir, je n’ai plus beaucoup d’essence dans le réservoir. L’année a été longue et chargée en émotions. L’avenir se met en place, toujours moins vite qu’on ne le voudrait. Et puis, c’est l’été, tu n’es pas là. Tu joues au jokari sur une plage de sable fin. J’ai l’impression d’être un professeur fou qui ferait classe à des rangées de chaises vides. Bientôt, je vais partir moi aussi, goûter un peu de ce repos salvateur. Mais, puisqu’il ne se passe rien ou pas grand-chose, que tous les mouvements semblent chargés de torpeur estivale, c’est aussi le moment de regarder dans le rétro et de reconsidérer tous ces disques aimés et pourtant honteusement laissés sur le bord de la route. Je n’ai que deux bras, un seul cerveau – et encore, quand il fonctionne – et je ne connais pas de journées qui durent plus de vingt-quatre heures. J’aimerais pouvoir dire encore plus de mots d’amour musical. Alors, profitons, si tu veux bien, de cette trêve estivale pour revenir sur ces albums que l’on ne peut pas continuer indéfiniment à laisser passer inaperçus. Groupe au charme discret, mais pourtant ravageur, Belle Mare mérite amplement sa place dans un Best Of des révélations de l’année.

J’entends déjà les petits malins ricaner à la lecture du nom de groupe. Qu’ils aillent se faire voir ailleurs. Il est hautement improbable que des musiciens brooklynites aient eu vent de l’existence d’un célèbre télévendeur maître du suspense officiant sous nos latitudes. Pourtant, si j’en étais capable, je mettrais dans ma voix les inflexions et l’enthousiasme délirant de Pierre Bellemare pour présenter ses homonymes d’outre-Atlantique. Né de la rencontre du guitariste Thomas Servidone et de la chanteuse d’origine londonienne, Amelia Bushell, Belle Mare offre, avec l’EP The Boat of The Fragile Mind, l’un des disques les plus intéressants de ces derniers mois. La musique de Belle Mare n’est pas de celles qui cherchent à s’imposer par la force, elle ne déboule pas toutes voiles dehors. Au contraire, elle forme une toile habilement tissée, tout en nuances et en subtilités. Elle invite à tendre l’oreille, comme si elle venait de loin, comme si on l’écoutait à travers une porte ou la tête dans l’eau et que les sons nous arrivaient atténués, amortis. L’EP est une suite de ballades entêtantes auxquelles la voix délicate d’Amelia confère un charme suranné. C’est une oasis de calme, spacieuse et apaisante, loin des bruits et de la cohue. Si vous voulez vous sentir seul sur une plage surpeuplée, c’est le disque qu’il vous faut. Avec son atmosphère douce et nostalgique, The Boat of The Fragile Mind pourrait bien devenir votre plus beau souvenir de vacances.

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