22 régions 22 groupes – Ep.14 : A Call at Nausicaa (Aquitaine)

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Ami lecteur, pas besoin des sempiternels cahiers de vacances. En cette période estivale, J’ai tout lu, tout vu, tout bu… est encore là pour tester ta culture générale. Tiens, comme ça, au hasard : que t’évoque le nom Nausicaa ? Je ramasse les copies dans 15 minutes. Et que je ne te prenne pas à copier sur ton voisin. Un personnage de l’Odyssée d’Homère qui recueille Ulysse après le naufrage de son navire ? Merci Wikipédia. Un aquarium géant à Boulogne-sur-Mer ? Merci mes souvenirs d’enfance. Dans tous les cas : la mer. La mer qui prend l’homme, qu’on voit danser le long des golfes clairs, la mer des sombres héros qui ont su traverser les océans du vide. Cette étendue d’eau salée à la fois crainte et vénérée, celle qui inspire les peintres, les poètes, les écrivains, les musiciens… et les gogos massés sur leur serviette de plage, défendant leur petit périmètre de sable. Contre qui ? Contre quoi ? Comme si l’été consistait, comme le reste de l’année, à combattre pour sa petite parcelle de terrain. La mer, elle, n’a que faire de ces mesquineries. Elle vit sa vie, indifférente à ce manège grotesque qui revient chaque fois à la même époque. La mer est une femme belle et insaisissable qui vous attire dans son lit pour mieux vous mépriser, pour mieux vous faire comprendre que vous n’êtes pas à la hauteur. Elle est une obsession pour ceux qui en sont loin, un eldorado pour ceux que la vie urbaine a rendus étrangers aux caprices de la nature, une divinité pour ceux qui la côtoient de plus près. Nausicaa, c’est l’hôtesse attentionnée qui offre le gîte et le repos au voyageur usé rejeté par les vagues. C’est la douceur dans la tourmente. A Call at Nausicaa, c’est un peu ça et aussi l’un de mes gros coups de cœur musicaux de ces dernières semaines.

Deux gars, deux filles. Comme Abba ou Ace of Base, en moins suédois. La comparaison s’arrête là mais, te connaissant, me connaissant, je pense que tu seras d’accord pour dire qu’il n’y a pas mieux que cette super troupe pour rendre la nation heureuse. Dans la musique de A Call at Nausicaa, il y a tout ce qu’elle veut (et tout ce qu’il veut aussi) pour donner donner donner du plaisir musical aux bons entendeurs. Issus tous les quatre du conservatoire de Bordeaux, les deux garçons (guitare/voix et batterie) plutôt rock et les deux filles (alto et violoncelle) plutôt classique mélangent leurs influences pour créer ce que les étiqueteurs impénitents appelleront probablement de l’indie-folk orchestral. Au diable les étiquettes ! Leur premier EP est un enchaînement de petites pépites élégantes, raffinées et joliment arrangées. Une musique en forme d’arcs-en-ciel comme il en naît uniquement quand il tombe des cordes sur un ciel éclairé par les soleils pop. A Call at Nausicaa défie les météorologues, sonne parfois comme un petit Typhoon  nourri à In Rainbows et à toute la discographie de Radiohead. D’ailleurs, le quatuor livre une relecture aussi audacieuse qu’éblouissante de Idioteque, une des plus belles covers de la bande à Yorke et Greenwood qu’il m’ait été donné d’entendre (avec Paranoïd Androïd par Brad Mehldau) et qui m’a laissé bouche bée pendant deux bonnes heures. Bon, eux, ils disent que cet EP n’est pas très abouti et que c’est surtout pour démarcher. Si c’est ça, je vais manger mon chapeau en attendant la suite. Ami lecteur, si tu me vois tête nue sous un arc-en-ciel, ne t’inquiète pas, c’est juste que j’attends le prochain Call at Nausicaa.

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