J’ai entendu : Barbarossa – Bloodlines

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Ami lecteur, je t’avais bien dit que je ne te lâcherais pas. Ce n’est pas parce qu’il fait 35 degrés et que tu as les pieds dans l’eau que ton cerveau doit pour autant se mettre en veille. Imagine que tu sois happé par un requin tueur ou emporté par une vague capricieuse, tu ne voudrais quand même pas que les gens disent de toi que tu mourus inculte et ignare. On ne se soucie jamais assez de son épitaphe. Alors, après la littérature, histoire de ne pas bronzer idiot, c’est l’Histoire, avec une grande barbe, que je te propose de réviser aujourd’hui. A y regarder de près, de l’empereur Barberousse au corsaire Barberousse, il semble bien qu’une barbe fauve soit un atout indéniable pour passer à la postérité. A ceux qu’un chromosome 4 fantaisiste aurait dotés d’une pilosité flamboyante, surtout n’allez pas raser en trois coups de lame ce signe extérieur de triomphante virilité. Entretenez soigneusement ce gazon béni, arborez-le fièrement. Vous êtes du même bois que les bâtisseurs d’empires, que  les aventuriers intrépides, que les défricheurs de nouveaux mondes. Moi qui n’ai que trois poils clairsemés sur le terrain vague de mon visage, je vous envie, je vous admire comme j’admire Barbarossa dont l’album, qui sortira dans quelques jours, s’annonce d’ores et déjà comme un des grands disque de cette année 2013.

J’étais passé complètement à côté de son premier album, Chemical Campfires, sorti en 2007. Mais, mis en appétit par deux titres stratosphériques, le ravageur Turbine et le caressant The Load, c’est rien de dire que j’étais dans les startings-blocks pour entendre avant tout le monde ce deuxième essai du londonien James Mathé. Essai transformé à tous points de vue. Avec Bloodlines, Mathé démontre qu’il a tout compris à la musique du XXIème siècle. Comme son homonyme empereur, Barbarossa fait la synthèse de territoires musicaux qu’on aurait cru inconciliables. Pour le décrire, il faut soit inventer de nouveaux genres, soit laisser tomber définitivement la notion de genre musical. Optons plutôt pour cette deuxième alternative. Mathé est un explorateur sonore des temps modernes. Quand son oreille gauche écoute Sufjan Stevens, la droite se refait l’intégrale de Steevie Wonder. Ajoutez-y des influences tous azimuts, parfaitement digérées, une voix haut perchée, miroir d’une sensibilité à fleur de peau. Parsemez le tout de sonorités électroniques subtiles et, merveille des merveilles, vous obtenez Bloodlines. Il faut être sorcier ou magicien pour réussir un tel prodige. Bloodlines fait mille fois mieux que tenir debout. C’est un édifice inébranlable, un pont entre le passé et le futur. Enregistré à l’ancienne sur du matériel vintage, fait rare pour un disque aussi électro, l’album capture dans un même élan toute l’âme de la soul-music et toute la contemporanéité électronique. Tantôt piquante, tantôt soyeuse, la barbe de James Mathé nous emmène là où il veut et nous laisse sans défense, sans résistance, heureux, béats… 

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