J’ai écouté, j’ai pas (trop) aimé : Beck – Morning Phase

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Un bonbec, ça colle aux dents, ça vous tient des plombes. Vous croyez en avoir terminé mais il y a toujours un morceau coincé quelque part que vous essayez d’attraper maladroitement avec la langue.

Un bonbec, vous l’avez à peine terminé que vous avez envie d’en prendre un autre. Ça vous fait les chicots tout pourris. Vous dansez la gigue. Vous jurez vos grands dieux qu’on ne vous y reprendra plus. Et puis, dès qu’on tourne le dos, vous voilà de nouveau la main dans le sac. 
Un bonbec, c’est bon quand ça pique, quand c’est acide, quand ça vous fait couler les yeux. C’est bon quand ça fait criser vos parents et que ça dégoûte votre petite sœur. Il y a des périodes de ma vie où je me les serais enfilés jusqu’à épuisement. One Foot in the Grave. Mellow Gold. Odelay. Mutations. Sea Change. Mes disques de chevet. Et puis maintenant, quoi ? Morning Phase
Si j’admire tellement la discographie de Beck, c’est parce que, comme dans un sachet de bonbons, quand on plonge la main dedans, on ne sait jamais trop sur quoi on va tomber. L’Américain a toujours eu cette façon bien à lui de papillonner entre les styles, de ne pas se laisser enfermer, de se garder ouvertes toutes les options. Alors, avant d’en dire du mal (un petit peu !), que les choses soient claires entre nous, ami lecteur : je considère Beck comme un demi-dieu de la musique alternative. J’attends chacun de ses albums comme d’autres attendent le messie.
Et là, après six ans d’attente, voilà qu’il sort Morning Phase, un disque traversé par le thème de l’aube, un réveil en douceur, le pendant de l’album Sea Change, sorti en 2002. C’est très beau, onirique, presque planant, tout ce que vous voudrez… mais ce n’est pas un bon Beck. Où est l’effet de surprise ? Le côté “boîtes à malices” ? Morning Phase, ce sont un peu les matins qui déchantent. Quelques moments de grâce avec, notamment, le Waking Light final, qu’on espère prémonitoire, mais trop de moments de grasse matinée. On a l’impression que Beck l’a jouée facile, se contentant d’assurer. Résultat : du Beck chloroformé pour jeunes gens de bonne famille, à écouter à l’heure du thé avec le petit doigt en l’air. C’est beau, OK, mais c’est quand même un peu chiant. Et on le sait capable de tellement mieux.

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