J’ai entendu : Halls – Love To Give

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Où il est question de pleuvoir des chats et des chiens, de jouer la comédie humaine, de faire l’ours et d’entrouvrir les rideaux de sa chambre…

C’est bien ma veine. Je prends des vacances et il fait moche. Un vrai temps d’Anglais. Il pleut des chats et des chiens, toute la journée. Dehors, les gens font la gueule. Si bien que, même ici, on se croirait à Paris. J’aime autant rester sous la couette, me terrer dans ma tanière et faire l’ours.

Au fond, c’est peut-être ma vraie nature. Je n’ai jamais été doué pour la comédie humaine. Sourire à la dame, faire des courbettes, cirer des pompes, très peu pour moi. Enfermez-moi dans une grotte avec musique à volonté et provisions de barres chocolatées et je suis le plus heureux des hommes.
Parler avec des gens, faire semblant de m’intéresser à leurs petites misères, jouer le jeu social, il y a des moments où tout ça m’emmerde profondément. J’essaie de me connecter. La plupart du temps, ça n’en vaut pas la peine. Les autres, quel enfer ! C’est tellement plus facile de se dévoiler, assis derrière son écran d’ordinateur.
Cette difficulté à s’ouvrir aux autres, je sais que je ne suis pas seul à la ressentir. Elle est aussi omniprésente dans la musique de Halls. Projet solo du musicien londonien Sam Howard, Halls avait sorti fin 2012 Ark, un superbe album electro-cold-pop, qui ressemblait à s’y méprendre à un long manteau neigeux. Un disque blanc, comme gravé dans la glace, immaculé, solitaire, frisquet.

Le voilà qui revient avec un deuxième essai et de nouvelles intentions. Le titre, Love to Give, est assez limpide sur la volonté de Sam Howard d’aller de l’avant, de rompre la glace et de se livrer davantage. Instrumentations plus organiques, voix plus claire, textes plus explicites, Love to Give témoigne d’une humanité qui faisait défaut à son prédécesseur. Comme si Sam Howard était passé de l’autre côté du mur dans Game Of Thrones.

L’album est plus humain, la palette d’instruments s’enrichit et les percussions digitales y sont moins essentielles. Mais, pour autant, ça ne fait pas de Sam Howard un amuseur public. On est plus proche du prisonnier qui, après de longs mois de captivité, entrouvrirait les rideaux de sa chambre et s’émerveillerait devant les premiers rayons de soleil matinaux.

Il y a quelque chose de religieux dans la musique de Halls. De la pop introspective, liturgique, encline à l’élévation, traversée par des moments de grâce à couper le souffle. Comme si Sam Howard faisait de la musique pour le salut de son âme. C’est beau, c’est grand, ça nous dépasse un peu parfois mais, une fois qu’on l’a bien apprivoisé, Love to Give, avec ses expérimentations audacieuses et son chant grégorien sécularisé, pourrait bien nous redonner goût au sacré.

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