J’ai entendu : Akasha – Joy Song

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Où il est question des vacances du soleil, de Nicoletta, de dix années d’abstinence et de la recette de l’amour…

– Putain, espèce d’enfoiré, t’étais passé où ?

– En vacances. Pourquoi ?
– En vacances ? J’espère que tu plaisantes. Je me suis caillé les miches pendant une semaine, tout ça parce que Môssieur se dorait la pilule au soleil.
– Je suis LE SOLEIL, abruti !
– Franchement. Me faire ça à moi… J’ai même cru que t’étais mort… 
– Faut pas croire tout ce que dit Nicoletta.
– Et maintenant que j’ai repris le boulot, tu pointes ton nez devant ma fenêtre, comme si de rien n’était.
– Take it easy, man ! Y a pas mort d’homme. Si on peut même plus se faire quelques jours à la coule de temps en temps…
Heureusement, la semaine dernière, j’ai mis dans mes oreilles le soleil qui manquait à mon décor. Au milieu des trombes d’eau, un album tombé du ciel a sauvé mes vacances du marasme. Le groupe vient de Chicago, s’appelle Akasha et c’est l’un des disques les plus incroyablement cool que j’aie écoutés cette année. 
Je ne suis pas un inconditionnel de reggae. Comme toute le monde, j’ai eu ma période, à l’adolescence, où j’écoutais Bob Marley et Peter Tosh en fumant des pétards. J’étais persuadé de me rebeller mais, comme je ne savais pas contre quoi, j’ai vite abandonné. A part les Wailers, pas grand chose d’autre. Faut dire qu’en la matière, la scène française est un tue-l’amour : dreadlocks jusqu’aux genoux et idées au ras des pâquerettes.

Après dix années d’abstinence, Akasha m’a donné envie d’écouter à nouveau du reggae. Peut-être parce que, si on y regarde de plus près, la formation chicagoane est bien plus qu’un groupe de reggae. Quand, en 2005, le chanteur Cosmos Ray et le bassiste Doug Bistrow décident d’unir leurs efforts, l’idée est d’abord d’explorer différents styles musicaux. Et, même si, avec l’arrivée de nouveaux membres en 2010, Akasha s’est tourné vers un son plus reggae, leur musique est toujours teintée de jazz, de soul ou de rock. La force du groupe, c’est justement de redonner ses lettres de noblesse au reggae des Wailers ou des Skatalites en l’ancrant fermement dans le présent.

Si Joy Song, leur nouvel album, tourne en boucle dans mes oreilles depuis quelques jours, c’est sans doute parce qu’Akasha a trouvé la recette parfaite, comme en atteste le morceau introductif, Recipe for Love, une ballade reggae lascive sur laquelle la voix de Cosmos Ray, caressante à souhait, affole les sens. Si avec ça, vous n’arrivez pas à conclure, il faut vous poser les bonnes questions. La suite du programme est tout aussi alléchante, Akasha se montrant aussi à l’aise pour les hymnes engagés (Warrior) que pour les sorties aventureuses hors des sentiers battus (Lil’ Black Dress, sexy et addictif à l’envi, est pour moi le climax de l’album). Loin de l’idolâtrie ou de la pâle copie des pères fondateurs, Akasha fait souffler un vent nouveau et résolument moderne sur le reggae. Voilà au moins douze bonnes raisons de s’y remettre.

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