Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.136 : Northward

Browse By

Où il est question de vivre au grand air, de retomber en enfance, d’oublier les emmerdes et de se replonger dans l’insouciance…

On se réveille de bonne heure. Petit-déjeuner sur le pouce. Allez, allez, on se dépêche. En voiture, les enfants. Le coffre rempli à ras-bord, on file à toute berzingue. Cap au sud. Les Monts du Lyonnais. A mesure qu’on avance, le soleil ramène sa fraise. Les enfants, trop excités, ne dorment pas. On avale des kilomètres, un casse-croûte, et encore des kilomètres.
On arrive. Ils sont déjà là. Les amis d’enfance. Ça fait longtemps qu’on les a pas vus. Les familles se sont agrandies. Les enfants ont bien poussé. On claque la bise, (re)fait connaissance. Les enfants s’apprivoisent, courent entre les jambes des adultes, se cassent la figure parfois. Les adultes se racontent des souvenirs – tu te rappelles la fois où… ? – ou s’en inventent de nouveaux.
On joue à la balle, on regarde le soleil s’endormir, on imite les cris des oiseaux, on ouvre des bouteilles de vin. On vit au grand air, libres, insouciants, heureux. Les adultes retombent en enfance. Les enfants jouent à être grands. On oublie le travail, l’école, les emmerdes. On voudrait que ça dure tout le temps. Quand sonne l’heure du départ, on cache sa tristesse derrière des sourires de circonstance. 
Enfermé entre quatre murs, derrière la fenêtre de mon bureau, je serais prêt à tout pour me faire la malle. Je ferais n’importe quoi pour refaire le chemin à l’envers mais, parti pour rester, je n’ai plus que mes yeux pour regarder pleuvoir. C’est alors que le vent du nord me souffle à l’oreille une chanson aussi douce et triste qu’un paradis perdu.
Le groupe s’appelle Northward et réunit deux frères, Collin et Matthew Ward, originaires du Minnesota. Le premier a déjà sorti deux très bons albums sous le pseudonyme d’Observer Drift, deux disques de dream-pop lo-fi où les souvenirs d’enfance occupent une large place. On retrouve chez Northward ce même sentiment de nostalgie sauf que, cette fois, il est encore amplifié par l’effet de la fratrie. Le disque évoque des souvenirs partagés, une complicité que seuls deux frères peuvent connaître. Clairement, cet album, c’est leur bébé. Ils l’ont créé de A à Z, sans intervention extérieure, et, qui plus est, dans la maison où ils ont grandi. 
Ce premier essai en duo ressemble fort à une tentative magnifique, de la part de deux jeunes adultes, de nager contre le temps qui passe pour se replonger dans l’insouciance de leurs jeunes années. C’est beau parce que c’est presque désespéré, parce que ça ne triche pas, et parce que devenir grand, c’est tellement craignos, surtout quand on n’a pas envie. C’est beau comme un refuge contre la brutalité, comme un sanctuaire, comme des rideaux qui s’ouvrent sur un soleil naissant.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Afficher les boutons
Cachez les boutons