J’ai entendu : Lana Del Rey – Born To Die

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Ça n’aura échappé à personne. Il fait très froid. On a beau se bibendumiser dans des doudounes douillettes, se ganter les menottes, s’écharper le cou, s’enfoncer le bonnet jusqu’aux oreilles. Rien n’y fait, on se caille les miches. Alors, dans les comités de rédaction des titres de presse musicale comme ailleurs, on turbine du couvre-chef pour tacher de se réchauffer. Visiblement, les ténors de la critique musicale supportent mal les chocs thermiques. Dès que le mercure passe en-dessous du zéro fatidique, les gentils mogwaïs se transforment en gremlins, prêts à détruire ce qu’ils encensaient quelques instants plus tôt. Leur nouvelle cible, Lana Del Rey ! Montée sur un piédestal, dans la torpeur de l’été, à la sortie des clips de Video Games et Blue Jeans sur YouTube et, six mois plus tard, vouée aux gémonies. Six mois pendant lesquels on a dit tout et n’importe quoi sur la jeune chanteuse, mais pas grand-chose sur sa musique. 
Et voilà que sort le disque tant attendu. Il serait temps, pensait-on, de se concentrer enfin sur ce qui importe vraiment. Et de quoi parle-t-on? Des lèvres charnues de la demoiselle, d’accusations plus ou moins fondées de plagiat et de performances scéniques décevantes. J’avais déjà eu l’occasion de dire tout le bien que je pensais des chansons de Lana Del Rey (cf Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.16 : Lana Del Rey). La polémique selon laquelle la belle aurait honteusement pompé une chanson grecque des années 90 me paraît totalement stérile et infondée. Comme si la pop-music inventait tous les jours de nouvelles suites d’accord ! Soyons sérieux, Video Games est une merveilleuse chanson, plagiat ou non. Le reste n’est qu’une question de gros sous. Elle aurait chanté un peu faux dans une émission de télé. Que celui qui n’a jamais chanté faux me jette la première bière. Ça prouve au moins qu’elle chantait en direct, ce qui est loin d’être le cas de tous les artistes. Et, sans la surexposition dont elle est victime, l’incident serait passé totalement inaperçu. Quant à ses lèvres boudeuses, vraies ou fausses, je ne vois aucune raison de ne pas avoir envie de les effleurer. Et maintenant, la musique, maestro.
Born To Die n’est certainement pas l’album du siècle, mais ça n’en reste pas moins un excellent disque qui confirme le talent et l’univers de Lana Del Rey. J’aurais même tendance à croire que ce sont ses imperfections qui le rendent charmant. En effet, on aurait pu craindre quelque chose d’un peu trop lisse et policé. Or, Lana Del Rey oscille entre univers rétro glamour et tourments d’une jeune fille du 21ème siècle. Musicalement, l’album prend des directions inattendues, faisant parfois des grands écarts entre pop crépusculaire et instrumentations hip hop. Lana Del Rey sonne comme une icône fifties qu’on aurait cryogénisée et qui reviendrait au monde aujourd’hui. Sensuelle, caressante, minaudière, délicieusement millésimée et résolument actuelle. Born To Die est un disque qui assume ses contradictions et qui fait preuve d’une audace et d’une authenticité qui devraient suffire à faire taire les imbéciles. 
A mon sens, ceux qui critiquent aujourd’hui vertement Lana Del Rey, ceux-là même qui en faisaient une icône il y a encore quelques semaines, sont simplement jaloux de voir que le beau papillon est désormais capable de voler de ses propres ailes. Ils ont tellement cru que son succès dépendait d’eux, de leur capacité à sortir du néant la chrysalide encore incapable de s’élancer seule. Ils voulaient tellement en faire leur chasse gardée qu’ils sont désormais prêts à tout pour la détruire. Imbéciles !

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