Où il est question de Monsieur Spock, de rires d’enfants, d’odeurs de frites et de fantaisie militante…
2015. On a claqué des pétards, on a fait sauter les bouchons, on s’est claqué la bise. Ensuite, on a été Charlie. L’espace d’un instant, on a marché dans le même sens, on a rêvé à des jours meilleurs et puis chacun s’en est retourné à ses petites mesquineries.
Bray-Dunes, j’ai quatre ans. La main en visière, je regarde au loin les beaux lendemains qui m’attendent. Il y en a de toutes les formes et de toutes les couleurs. Strasbourg, trente ans plus tard. Alors, ces beaux lendemains, c’est pour aujourd’hui ou… ?
On peut passer son temps à attendre ou on peut aussi les inventer, ces beaux lendemains. C’est ce que fait Matthieu Thonon dans De beaux lendemains, un disque aux mille visages et à l’inventivité foisonnante.
Dès l’introductif Dans ma bulle et ses élans hispanisants, le Belge démontre qu’il est bien plus qu’un chanteur de salle de bains. Le Bruxellois n’est pas du genre à naviguer entre deux eaux mais plutôt à slalomer entre les styles. Il y a du Chedid, du Boogaerts, du BabX chez ce garçon mais il y a surtout du Matthieu Thonon dans l’écriture finement pétillante, dans les audaces d’interprétation, dans la fantaisie militante.
A priori, pas grand chose en commun entre le calme roulis de Oh les beaux jours et l’huile bouillante dans laquelle baignent les Wetteren Hot Potatoes. Pourtant, Matthieu Thonon se jette à l’eau sans appréhension et assume pleinement cette variété pas variétoche. Une entrée remarquable dans le grand bain de la chanson francophone.