J’ai entendu: Quiet Loudly – Go Into The Light Smiling

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Mes amis, l’heure est grave. Tous les Cassandre de la Terre nous la promettent depuis des lustres. Aussi effrayante et inéluctable que les vœux présidentiels avant le réveillon de la Saint-Sylvestre, voici venir la fin du monde. Des mois, des années, des siècles qu’on vous prévient et vous, au lieu de vous préparer, vous êtes là, le cul posé sur votre divan, à vous demander si les joueurs de l’Équipe de France doivent ou ne doivent pas chanter l’hymne national, au garde-à-vous, la main sur le cœur et les yeux embués de larmes, prêts, pour éviter la défaite au goût amer, à sacrifier leurs bijoux de famille au premier coup franc de l’ennemi ou  à guetter les sites d’actualité sportive pour savoir si Zlatan Ibrahimovic signera ou pas au PSG et combien de siècles il vous faudrait encore travailler pour gagner le montant de son salaire mensuel. Rangez vos calculettes. De toute façon, le 21 décembre prochain, on sera tous morts. Finis les spectacles d’otaries du Parc des Princes, montés à coups de millions. Consacrez le peu temps qu’il vous reste à autres choses qu’à de stériles considérations de café du commerce. Allez au cinéma, lisez de la poésie, observez les oiseaux, écoutez de la musique. Rien ne vous sauvera. Avec un peu de bonne volonté et quelques notes de musique, la fin vous paraîtra plus douce. Et, qui sait, vous en arriverez peut-être à vous dire que la fin du monde, ce n’est pas la fin du monde. Et à chantonner de concert avec Quiet Loudly “It’s not the end of the world if it’s the end of the world“.

Quiet Loudly, excellent quartette originaire de Brooklyn, a le double mérite de nous faire relativiser la fin imminente du monde et de nous fournir un exemple prêt à l’emploi d’oxymore. Réjouissez-vous, chers amis, car rien ne vaut un bel oxymore. Personnellement, je serais prêt à vendre toute une équipe de foot pour un ou deux oxymores bien sentis. Je tuerais père et mère pour un soleil noir, un silence assourdissant, une fausse vérité ou pour goûter au joyeux chagrin d’une douce violence. Calme bruyamment. C’est magnifique, vous ne trouvez pas? Et quoi de plus juste pour qualifier la musique proposée par Max Goransson, Anthony Aquilino, John Weingarten et Sal Garro? Car, en effet, la grande force du groupe, c’est sa capacité à envoyer la gomme en donnant l’impression de rester cool et détendu en toutes circonstances. Un peu comme si ils vous mettaient un pain dans la gueule avant de vous relever pour vous faire un câlin. Sans rancune, mec. On y retourne? La force tranquille. Leur rock, qui, de prime abord, peut sembler plutôt classique, recèle des myriades de petits trésors d’ingéniosité, à même de séduire les plus blasés. Comment ne pas tomber raide dingue des chœurs de Deleting People Is Easy ou de cette gigantesque montée instrumentale au beau milieu de You Were The Leaves ? De fil en aiguille, Quiet Loudly se montre capable de se renouveler à chaque morceau sans jamais renier ce qui fait sa force, c’est-à-dire l’extraordinaire sincérité qui se dégage de l’ensemble. Mêlant habilement pop, psychédélisme, riffs bluesy et gros rock à guitares, Quiet Loudly varie les plaisirs tout en livrant un ensemble cohérent. Quand il faut aller au charbon, ils y vont, mettant dans cet album studio une intensité rarement atteinte ailleurs qu’en live. Personne dans le groupe ne triche, ne se dissimule ou ne fait preuve de dilettantisme. L’énergie véhiculée, que ce soit par les instrumentations ou par le chant de Max Goransson, confère au disque un supplément d’âme qui rend ce Go Into The Light Smiling immédiatement estimable et attachant. Ecoutez-le et, si vous l’aimez,dépéchez-vous de l’acheter sur leur page Bandcamp avant la fin du monde…

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