J’ai entendu : Scott of The Antarctic

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La ville est noire de monde et mes collègues, férus de chants de Noël, se mettent à donner de la voix. Comme tous ceux qui n’aiment pas l’avent, je prends mon mal en patience. Je me dis que ça ira mieux après en faisant des jeux de mots à deux balles.

Cerné de toutes parts par les fâcheux, je me dis que je ferais sans doute mieux d’être ailleurs. Une île déserte, un coin de banquise, une cabane au Canada feraient l’affaire. Juste le temps que s’estompe cette odeur de vin chaud bon marché et ce bonheur en figure imposée. Non, je ne suis pas bougon. Et puis, d’ailleurs, je t’emmerde…
Tout seul au milieu de nulle part, je me construirais un petit coin de paradis. J’y mettrais des pingouins et des oiseaux exotiques, des geysers et des palmiers, des glaçons dans un verre d’alcool fort. Je me lèverais un matin sur deux et, le reste du temps, je pioncerais sur un hamac, à moitié saoul. J’écouterais de la musique. Beaucoup de musique. Et quand j’en aurais assez d’être immobile, je laisserais dériver mon radeau vers d’autres rivages luxuriants.
– Bon, OK, on a compris, tu porteras des chemises à fleurs et tu feras de la réclame pour des paires de lunettes… Tu veux être Antoine, quoi !
– Non, Madame. Moi, quand je serais grand, je veux être Scott of The Antarctic…
Je peux te dire que je lui en ai bouché un coin, à la bêcheuse, avec ce dialogue imaginaire. Scott of The Antarctic, tout de suite, ça en jette. Ça vous a un côté baroudeur, qui impose le respect, surtout si, dans la vraie vie, vous vous appelez Cédric ou Jérôme. On vous imagine déjà dompter les mers calmes ou agitées.
Pas besoin d’un grand équipage. Scott of The Antarctic voyage léger. Une guitare acoustique, des images plein la tête, des arrangements bien sentis… et vogue la galère. Scott chante la solitude et l’amour qui fait mal comme un Nick Drake qui aurait abusé de la piña colada. C’est froid et puis c’est chaud, mais jamais entre les deux. C’est d’ici et c’est d’ailleurs, parce que l’aventure est autant au coin de la rue qu’au bout du monde. On chausse nos bottes de sept lieues et on se laisse emporter, au gré de ses humeurs, du cercle polaire aux tropiques brésiliens. On sait bien que ce n’est pas vrai, mais on se dit que l’herbe est plus verte ailleurs. Alors, on embarque et on sourit bêtement malgré le mal de mer…

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