J’ai entendu : Yamantaka//Sonic Titan – Uzu

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Dans cette émission de radio où je suis chroniqueur musical, il y a un libraire. Il arrive toujours les mains remplies de livres et de bouteilles de vin. Et, inlassablement, pose cette même question : qu’est-ce que vous attendez d’un bon livre ?

Peut-être qu’au fond, cette question est la seule qui vaille vraiment la peine d’être posée. Peut-être que je ferais mieux de commencer chacune de mes chroniques en te demandant, ami lecteur, ce que tu attends d’un bon disque. Alors, je te dirais qui tu es et quoi écouter. Mon fantasme, quand j’y pense : devenir guide musical comme d’autres sont guides de haute montagne.

S’éloigner des sentiers battus, marcher sur l’eau, atteindre les sommets des montagnes. Seul face à l’immensité, se sentir fatigué mais vainqueur. Éprouver quelque chose de différent. Devenir unique l’espace d’un instant. Profiter du panorama. Respirer à pleins poumons. Puis redescendre, un peu plus fort, un peu plus beau, pour partager mes trouvailles.

Il y a quelque chose de profondément égoïste dans la découverte musicale. C’est ce quelque chose, peut-être, qui m’avait poussé à garder pour moi le premier album de Yamantaka//Sonic Titan. Peut-être aussi la crainte de (mal) dire avec des mots (dérisoires) l’immensité de ce disque qui, à bien des égards, m’avait dépassé.

Il faut dire que l’univers de YT//ST impressionne. Fondé par les deux artistes montréalaises, Alaska B et Ruby Kato Attwood, le collectif mélange musique et arts visuels et fusionne noise, metal, pop et folk pour en sortir un son titanesque. Un antidote cinglant à la routine; à la monotonie et aux tenants de la fin de l’Histoire. En confrontant leurs doubles identités, asiatiques et occidentales, les instigatrices du projet envoient voler les carcans et démontrent que, le plus souvent, l’originalité réside dans la fusion.

Leur deuxième album Uzu poursuit cette exploration. Les cultures s’entrechoquent comme des plaques tectoniques, les tsunami se font imminents. Mais rien, dans ce déluge sonore, ne vient troubler la quiétude de la voix de Ruby Kato Attwood. Comme si elle commandait aux éléments, la chanteuse surfe sur les éléments déchaînés et répond au jeu de percussions bipolaire d’Alaska B. Un peu moins brut, mieux canalisé que leur premier album, Uzu s’impose comme une véritable suite narrative, chaque titre s’imbriquant dans le suivant. La cohérence de l’ensemble est impressionnante, surtout à ce niveau de prise de risque. Rares sont les groupes qui nous font à ce point décoller et voyager dans l’inconnu. Gigantesque.

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