J’ai interviewé : Daisy Lambert

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Daisy Lambert est un chanteur pas comme les autres (cf En français dans le texte : Daisy Lambert). Il a un prénom de fille, une maîtrise fragmentaire de la langue anglaise, il pique des influences dans tous les coins pour les cuisiner à sa sauce, imagine des clips sinistres qui ne verront jamais le jour et revendique une rare incohérence. Bref, il a tout pour nous plaire. C’est pourquoi J’ai tout lu, tout vu, tout bu…vous propose de faire connaissance avec ce trublion lyonnais qui s’apprête à dynamiter la pop française…

Tu officies sous le pseudonyme intrigant (pour un garçon) de Daisy Lambert. A quel moment le changement de sexe a-t-il eu lieu?
Ça n’a pas de rapport avec une identité sexuelle ambiguë, même si selon moi, les grands artistes ont une part de féminité, comme Polnareff, ou Gainsbourg ou encore Bowie. “Daisy”, j’aime bien… ça fait américain…. Et puis bien sûr, c’est un hommage à la chanson de Christophe.
Plus sérieusement, est-ce que le pseudo Daisy Lambert, c’est déjà une façon d’assumer la double influence de la pop anglo-saxonne et l’héritage de la chanson française?
Pas tout à fait. Avec le recul, le blaze résonne un peu comme une certaine Amérique fantasmée par le Français moyen. Et puis actuellement, en France, il y a beaucoup d’artistes qui ont un nom de voisin de pallier. Moi j’ai choisi de développer un personnage qui est une excroissance du moi. Narcissique, mais généreux. Quelqu’un qui aime les costumes Tom Ford mais qui mange sa soupe bruyamment. 
Écrire en français, est-ce que c’était une évidence pour toi? 
Ah ça, oui… Je dois posséder environ une trentaine de mots de vocabulaire en anglais. Je veux bien être un escroc, mais pas à ce point…
Comment qualifierais-tu ton style musical? Pop, électro, chanson française, un peu de tout ça? 
Un blogueur assez malin m’a placé récemment dans “la variété alternative”. C’est pas mal. En langage de journaliste, “Alternative”, ça veut dire “pas trop con, ni trop pute”. C’est encourageant.
Tes influences doivent tenir dans une discothèque qui couvre une pièce entière ou alors un disque dur haute capacité. Si tu devais n’en citer que 3 ou 4, ce serait lesquelles? 
C’est pire que des influences, c’est du vol. Pour l’instant, ce qui me fait plaisir, c’est de fusionner Moroder avec Morricone, ou Corine Charby avec Tangerine Dream, dans une même chanson. Avec Frédéric Lo, récemment, on a fait un morceau bizarre: sur les couplets, c’est Gainsbarre, et les refrains, c’est Elie et Jacno. Je ne revendique aucune création pure (sauf accidents). Ce sont les références, plus ou moins dissimulées, et le mélange de tout ça qui font ce que les américains appellent “The DL mood”.
Le clip de My Pearl a une esthétique très années 80. Est-ce que tu accordes beaucoup d’importance à l’image que tu véhicules autour de ta musique? 
C’est flippant de voir à quel point l’image distrait du son et, en même temps, fige la représentation de l’artiste. Mon prochain clip sera tout à fait différent. Pour faire une moyenne (et pour qu’on évite de me prendre pour Helmut Fritz), je ferai un truc sinistre. J’y serai super maigre et je ferai la gueule, comme ça je plairai aux branchés (ce dont j’ai toujours secrètement rêvé). Une petite fille en chemise blanche croquera dans un coeur de boeuf sanguinolent, à l’arrière d’une voiture de l’ex-RDA. 
A propos du clip, d’ailleurs, des nouvelles de Mauricette?
(NDL’Artiste: pour ceux qui l’ignorent, c’est la vieille dame de mon clip; une bouille entre JP Jeunet et E. Kusturica). Je l’ai croisée il y a peu de temps en bas de chez moi. C’est une belle personne. Très pure. Parfois, je culpabilise un peu de l’avoir exposée au cynisme ambiant.
Quelles sont les prochaines étapes pour toi?
Retrouver la scène, retrouver le Lipton Yellow d’un studio d’enregistrement. Prochainement, je vais faire du happening sauvage dans un lieu incongru, puis quelques concerts, puis une apparition avec Charles-Baptiste, le chanteur de variété, en décembre, etc. 
J’ai cru comprendre que l’album était prévu pour courant 2013. Tu en es où actuellement?
Ça mijote. Deux titres ont été réalisés à Paris en juin. D’autres personnes vont collaborer pour les autres morceaux, qui seront enregistrés à Lyon. Je vais donc sortir un compact laser pour le printemps. Ce sera un premier album anti-conceptuel, d’une incohérence rare. Une oeuvre hyper-forte.

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