J’ai interviewé : Hoboken Division

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Mercredi dernier, je prenais la route pour Nancy où je devais installer un stand sur un salon professionnel. J’ai déjà raconté dans une récente chronique ma grande histoire d’amour avec la conduite automobile. Ai-je déjà raconté ma grande histoire d’amour avec mon activité professionnelle? Elle et moi, on ne se supporte plus. Je crois que la rupture est de plus en plus proche chaque jour. “Si c’est ça, je me casse à Nancy… et ne t’avise pas de me suivre.” Voilà, en substance, ce que je lui ai dit et je suis parti sans un mot de plus, sans un regard en arrière, seul au volant de ma 307 vert pomme. Tout ce que je voulais, c’est qu’elle me fiche la paix et me laisse travailler tranquillement au développement de mes activités annexes. J’en aime une autre, c’est la musique. Et je crois qu’elle commence à m’aimer aussi… un peu. J’avais profité de mon escapade lorraine pour filer rencard à Hoboken Division (cf 22 régions, 22 groupes – Ep.6), un duo que vous avez intérêt à écouter avant que je ne me fâche pour de bon. Ces deux-là, ils envoient du lourd, genre clé anglaise plus coup de poing américain. Si, après ça, vous êtes pas sur le cul, c’est que vous avez un truc là-haut qui tourne pas rond. Moi, ils me font démarrer au quart de tour. A l’heure dite, leur bagnole, en revanche, reste désespérément immobile, puis soubresaute dans le froid nancéien. Quand Mathieu m’annonce enfin leur arrivée, j’aperçois au loin une vieille deudeuche rouge et toussotante. Fausse alerte, ils sont de l’autre côté du Parc Expos. Marie a l’air d’avoir froid et Mathieu a les mains noires de cambouis mais, malgré tout, ils semblent contents d’être là. Dans ce genre de circonstances, tout le plaisir est pour moi. D’autant plus intense qu’interviewer un groupe pendant mon temps de travail, sur un stand de promotion, entre cartons de brochures et colonnes déroulantes à l’effigie de la société qui m’emploie, revêt un léger parfum d’interdit. 
Dans cette espèce de grand hangar désert et glauque, nous sommes là tous les trois, réunis par une même passion pour la musique. Ça vous paraît peut-être con mais c’est à ça que je pense en entamant la discussion. La musique, c’est d’abord des rencontres. “On s’est rencontrés parce que je connaissais la coloc de Marie. On était tous les deux dans d’autres groupes. On s’est dit qu’on allait faire un morceau. Et puis, au final, on est toujours ensemble. On s’est trouvés.”, affirme Mathieu. “On avait les mêmes envies de développement”, surenchérit Marie. Ainsi naquit Hoboken Division. “Le port d’Hoboken, c’est l’endroit où les GI américains embarquaient pour l’Europe pendant la Première Guerre Mondiale. Ce sont eux qui ont ramené toute la musique américaine, le blues, le jazz. Ils avaient aussi ce slogan Heaven, hell or Hoboken by Christmas “. Et quand on leur demande pourquoi cette musique venue des entrailles de l’Amérique les touche autant, Marie et Mathieu répondent en chœur que “le jazz et le blues, c’est la base de tout. C’est important de connaître cette musique. C’est une musique qui vient des tripes. Les vieux bluesmen sont des gars qui ont toujours joué, sans faire de plan de carrière, par pur amour de la musique.” Et Marie d’ajouter : “Si je ne chantais pas, j’aurais la sensation d’avoir raté ma vie. Depuis toute petite, je sais ce que c’est ce que j’ai envie de faire.” Je note cette phrase sur mon petit cahier ; belle et sincère comme une déclaration d’amour. “On est dans une phase de développement. Notre démarche est indépendante. On met toute notre énergie dedans. On s’occupe de tout ce qui est promo et booking nous-mêmes.” “Sur notre EP, on a travaillé avec Laurent Lepagneau, “Monsieur Garage”. C’était super de bosser avec lui. On voulait un son bien crade. On n’est pas déçus du résultat.” Sur la formule en duo, “on aime bien travailler en vase clos sur les chansons, les sons. La boîte à rythmes, ça donne un son différent de ce qu’on aurait avec un batteur. Quelque chose de plus robotique.” La comparaison facile de journalistes paresseux avec The Kills? “Y a pire, mais c’est pas non plus le groupe qu’on écoute le plus souvent”. Et quand je lance Mathieu sur les Detroit Cobras, un groupe américain qui ne fait que des reprises en mode garage et avec lequel il rêve de partager une scène, il a les yeux qui brillent. C’est ça, Hoboken Division, deux passionnés qui dégagent un amour immodéré pour la musique. La suite des événements? “Un album prévu pour l’automne 2013.” C’est promis, on en reparlera. Et s’il faut que je vous traîne par les parties intimes pour que vous veniez les écouter en concert, je vous promets que je le ferai…

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