Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.100 : Nicole Sabouné

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Pour ce centième épisode du groupe que les autres écouteront dans un an, grimpons, ami lecteur, dans ma DeLorean, direction 2001-2002. Je t’offre un aller simple pour la Suède. Direction Sverige. Mon moi de l’époque a quinze kilos de moins. Et ça se voit. Physiquement, on dirait mon père, en plus jeune. Il parle, il parle, ce p’tit con, toujours la gueule ouverte, mais quand vient le moment d’agir, pschhttt, évaporé. A croire que l’assurance ne vient qu’avec le poids et les ans. Si c’était mon fils, je lui foutrais des claques… et éteins-moi cette clope, nom d’une pipe ! Tellement saoul qu’il ne voit jamais le jour. A Lund, en hiver, il fait nuit à quinze heures. Systembolaget, mon ami, que ton nom soit sanctifié. Cédric, vad gjörde du igär ? Jag trikade med kompisar. Enveloppé de ténèbres, l’oiseau de nuit avance d’un pas incertain, à la recherche d’une hypothétique partenaire. Titubant, chancelant, mais seul, il s’enfonce dans son lit comme un vampire dans sa crypte. Les échos de la radio lui parviennent. Timbuktu. Petter. En 2002, Petter chantait Ey Yo. J’en garde encore de vagues souvenirs. Ey yo kom igen, kom igen. La mère qui débarque au milieu d’une soirée entre jeunes et qui se met à danser. C’était le truc à la mode. Aujourd’hui, Petter est jury dans la version suédoise de The Voice. Un destin à la Florent Pagny. Avec moins de cheveux. Sauf que quand j’entends ce qui sort de The Voice Sverige, je me dis que j’aurais mieux fait de ne jamais revenir. Prenez Nicole Sabouné, par exemple. A-t-on jamais vu pareil talent sortir d’un télé-crochet dans notre petit hexagone ?
Une vingtaine de printemps et elle se paie le luxe de reprendre un titre de Kate Bush avec une grâce divine. Nicole Sabouné est brune dans un pays de blondes. Elle est le volcan qui brûle sous la glace, le feu qui couve sous la neige, la lueur dans les ténèbres. Je continue ou vous en voulez encore ? Elle a probablement vu le jour, et la nuit, dans les années 90 mais c’est dans les années 80 qu’elle puise son inspiration. Post-punk, new-wave – la jeune femme ne cache pas sa fascination pour Joy Division – Nicole Sabouné nous livre sa propre version des eighties. Nous, on a Lescop. En Suède, ils ont Nicole. Et après ça, vous vous étonnerez encore que j’aie envie d’y retourner ! Plus sérieusement, si revisiter ce pan de l’histoire musicale est tout à fait dans l’air du temps, le faire avec autant d’aplomb et avec un si joli brin de voix, c’est quand même plutôt rare. A en entendre certains, on aurait presque fini par croire que ce genre musical était la chasse gardée de chanteurs sous somnifères. La force de Nicole Sabouné, c’est d’amener de la vie au milieu de l’obscurité. Elle a dans son chant un petit grain de folie divine, quelque chose de magique et d’obsédant qui la rend unique. Et puis, ce morceau, Unseen Footage for a forthcoming Funeral, c’est pas du footage de gueule (sois bon public, ami lecteur, ma journée a été longue). Nicole y macule de son empreinte vocale des paysages sonores quasi-lunaires. Sur une rythmique obsédante, divine prêcheresse, elle égrène ses incantations. J’en suis resté groggy. Conquer or Suffer, sans doute plus accessible, achèvera de mettre les indécis de son côté. En ce qui me concerne, je suis déjà conquis et à deux doigts de prendre la DeLorean en sens inverse pour entendre ses prochains titres.

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