Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.105 : Bipolar Sunshine

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Il y a quelques jours, j’ai déménagé. Pas loin, non. Quelques centaines de mètres à peine. Mais, quelle que soit la distance, il y a toujours de la mélancolie dans les déménagements. On passe des heures à mettre sa vie dans des cartons. Les albums-photo, les vacances à la mer, les jouets du petit, les sept-cent-soixante-dix-neufs CD, la vieille platine vinyle, tout y passe. On réserve la camionnette. On constitue une équipe de bras forts. Quand vient le jour J, on se retrouve en slip dans la maison vide. On regarde autour de soi, en quête de vestiges. Mais il ne reste rien, comme si une gomme moqueuse venait d’effacer toute trace de notre passage. Plus rien à quoi se raccrocher, sauf peut-être un souvenir ou une musique qui nous trotte dans la tête. La sonnette retentit. C’est l’heure. Point. A la ligne. Plus le temps de tergiverser. On se dit que si on part, c’est forcément pour mieux. Plus loin, plus grand, plus beau. Les biceps durcis par l’effort, le dos cassé, on prend possession de son nouveau chez-soi. Tout est à refaire. En mieux. On inventorie, on récapitule, on réorganise. Transition bipolaire, entre nostalgie et euphorie. Nouveau départ. Nouveaux projets. L’angoisse de la page vierge entre en collision avec l’excitation de la nouveauté.  Est-ce que c’est aussi ce qu’a ressenti Adio Marchant au moment de lancer son nouveau projet, Bipolar Sunshine ?

Si c’est le cas, à l’écoute des deux premiers extraits de l’EP Aesthetics, à paraître le 17 juin prochain, c’est surtout l’excitation de la nouveauté qui prédomine. Mêlant habilement trip hop, hip hop et pop aérienne, Bipolar Sunshine signe une entrée en lice fracassante, s’attirant d’emblée les grâces des mélomanes. Comment, en effet, ne pas succomber à cet enivrant cocktail ? Si l’on voulait traduire en musique l’image d’un soleil luttant de toutes ses forces pour transpercer de gros nuages gris, on ne s’y prendrait pas autrement. Adio Marchant avance en funambule entre espoir et mélancolie. Sa voix caressante souffle le froid et le chaud, épousant parfaitement des mélodies aux météos changeantes. Alors que Fire se déploie langoureusement, emplissant l’air d’une atmosphère lunatique et nonchalante, le second single Rivers dévoile le versant opposé, plus optimiste, de Bipolar Sunshine. L’ancien membre de Kid British se dévoile, laisse la part belle à ses émotions. Tout en sensibilité et en subtilité, il entre en résonance avec l’auditeur. Ajoutez à cela l’étendue de ses influences, de Morrissey à Kanye West, et vous comprendrez mieux pourquoi sa musique, partant de l’intime, confine à l’universel. Bipolar Sunshine brouille les pistes, brise les règles mais frise en permanence la perfection pop. Aesthetics ne sort que dans un mois et demi, mais j’en ai déjà l’eau à la bouche. Ce n’est plus qu’une question de semaines avant que Bipolar Sunshine ne se fasse définitivement une place au soleil. D’ici là, faites de beaux rêves.

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