– Putain, ça commence mal cette chronique !
– Merci pour ton soutien. Ça fait chaud au cœur. Tu pourrais faire un effort quand même.
– Si c’est encore pour dire du mal de Daft Punk, on en déjà parlé. Tu sais bien que je ne te suis pas sur ce coup-là. Regarde. D’ailleurs, je me suis acheté un nouveau casque de mobylette super design.
– …
– Quand je le mets pour faire mes courses à la supérette du coin, les gens s’arrêtent pour me demander des autographes. C’est cool, non ?
– Non
– Ah ouais ? Et tu voulais me parler de quoi, sinon ?
– Ben voilà… j’sais pas comment te l’dire…
– Putain, c’est bon, accouche. Depuis l’temps qu’on s’connaît maintenant.
– Je crois que je suis amoureux.
– Amoureux ? Mais t’es dingue ? T’as une femme, des gosses, une maison, une bagnole…
– Oui, mais là, c’est différent.
– Différent ? C’est une caméra cachée ou quoi ? Comme dans le clip de Stroméo ?
– Stromaé…
– Ouais, c’est bon, joue pas sur les mots. Sérieux, dis-moi que c’est une blague…
– Elle est belge. Elle s’appelle Émilie. L’autre jour, je lui ai offert un bon steak de bœuf et on a bavardé. Je suis tombé fou amoureux de sa musique. Un vrai coup de foudre.
– T’es vraiment trop con… J’ai cru que…
– Elle est formidable. Je t’assure.
Passionnée de musique et de cinéma, Emilie Plaitin se lance en 2011, dans l’écriture de MM, un album-fiction inspiré du recueil de textes inédits de Marilyn Monroe, Fragments. Même si elle n’y est jamais citée nommément, la personnalité de l’actrice traverse chacune des chansons de la jeune liégeoise, désormais installée à Paris. De ce disque, on sait finalement assez peu de choses. On sait qu’il existe quelque part, qu’il comporte dix morceaux enregistrés en home-studio, qu’il est sans doute l’une des plus belles choses qu’on écoutera lorsqu’il sortira. On le sait parce que Palimpseste et La Famille Kennedy sont exceptionnels, qu’ils ne ressemblent pas à grand-chose que l’on ait déjà entendu et qu’ils dévoilent un univers envoûtant et une personnalité magnétique. Émilie Plaitin se joue des barrières stylistiques et, sans trop vraiment calculer, dépoussière la pop francophone. Son « électro-pop à la dérive », comme elle qualifie elle-même sa musique, nous emmène vers des rivages inconnus et d’une beauté mélancolique. Doucement, sans faire de vagues, elle y déploie ses charmes de sirène et fait naufrager les mélomanes. Sous l’apparent minimalisme de ses instrumentations, sous sa voix hypnotique et obsédante, Émilie cache une richesse et une inventivité peu communes, qu’on a hâte de voir éclater au grand jour. En attendant, pour ceux qui sont du côté de Paris, elle sera à l’International ce mardi 4 juin à 20h30. Allez-y nombreux, vous ne serez pas déçus !