22 septembre. Bientôt les rues seront couvertes de feuilles mortes.

Bientôt, le ciel nous tombera sur la tête. Je m’allongerai seul dans mon lit où tu ne seras pas. J’embrasserai le vide. J’enlacerai ton fantôme. Le sol de ma chambre sera couvert de photos de toi, de nous, et le cuir de ma peau, de sparadraps couleur chair. Le matin, je promènerai mon spleen comme un chien en laisse. 

Derrière mes fenêtres, entre les gouttes de pluie, je croirai t’apercevoir. Tu seras assise à la terrasse du café d’en face, entourée de chaises vides. Tu secoueras tes cheveux, avec cette nonchalance qui me rendait amoureux. Tu t’allumeras une cigarette, comme au temps où nous étions encore beaux. Je descendrai les escaliers quatre à quatre pour rattraper le temps perdu. Je te chercherai et tu ne seras plus là.

Je lirai la Chanson d’automne de Paul Verlaine, en boucle. Et le That Do Now See EP de Oh, Rose “bercera mon cœur d’une langueur monotone”. Je regarderai en moi et, aveuglé par l’obscurité, au bord du précipice, je m’accrocherai à la mélancolie entêtante de la voix d’Olivia Rose, comme un naufragé s’accroche à sa planche de salut.

Je la laisserai me murmurer à l’oreille, me guider dans la nuit, poser sa tête sur mon épaule, ne pas me dire ce que j’ai envie d’entendre. La musique tournera autour d’elle, presque au ralenti, comme un danseur fatigué. Et même s’il fait sombre, même s’il fait froid, je me sentirai un peu mieux, un peu moins seul. 

Le lendemain matin, je me réveillerai, un peu perdu, le cerveau embrumé de quelques zones d’ombre. Je me souviendrai avoir dansé avec une fille belle et vulnérable mais je ne me rappellerai pas des contours de son visage. Dans ces espaces troubles, je chercherai quelque chose mais je ne saurai pas quoi. C’est l’effet que tu me feras, Oh, Rose…