Ça y est ! Un mois à se couper les cheveux en quatre pour choisir le cadeau de la grand-mère. Un mois à se crêper le chignon sur le menu ou la décoration de la salle. Un mois de sommets du G8 inter et intra-familiaux pour trouver une disposition de tables qui agrée à l’ensemble des convives. Un mois entier à se prendre la tête, à s’entasser dans des tramways bondés, à faire la queue aux caisses des magasins…Tout ça pour quelques heures à s’enfourner saumon fumé, foie gras, escargots, boudins blancs, homards, coquilles St Jacques, volailles diverses et variées, fromages et bûches de Noël, le tout copieusement arrosé de vins blancs, jaunes, rouges. Tout ça pour quelques instants magiques où petits et grands enfants accueillent, l’oeil émerveillé, le gros bonhomme barbu et sa hotte pleine à craquer.

Un mois de préparation pour quelques instants infinis d’intense bonheur, c’est aussi ce qui résume le mieux l’album de Son Lux, We Are Rising. En effet, Ryan Lott, alias Son Lux, a relevé le défi un peu fou que lui proposait le magazine NPR d’enregistrer un album en un mois et, qui plus est, en février, le mois le plus court de l’année. Il fallait être un peu fêlé pour accepter pareille contrainte, sachant que, pour réaliser son premier disque, il avait travaillé pendant près de 3 ans. Mais, à l’écoute du résultat, on ne peut être que bouche bée, béat d’admiration devant tant de beauté. Non seulement Ryan Lott a su tenir les délais qui lui étaient impartis, mais, en plus, accompagné de musiciens talentueux tels que le YMusic Sextet, Shara Worden (My Brightest Diamond) ou Peter Silberman (The Antlers), il a produit un OVNI musical incomparable et, peut-être, le disque le plus marquant de l’année 2011.

We Are Rising est le grand disque qui réconcilie électro, musique classique, pop et psychédélisme. C’est un véritable coup de génie. Moins électronique, nettement plus organique que son prédécesseur, cet album échappe à toutes les catégorisations. We Are Rising transcende tous les genres, se dérobe à toutes les étiquettes sans jamais tomber dans la facilité. C’est l’expression parfaite du cerveau foisonnant de son auteur qui, après une formation classique, a découvert les possibilités illimitées de la musique électronique. Musicien talentueux, bidouilleur de sons et arrangeur de génie, c’est un véritable univers qu’a créé Ryan Lott à travers ce disque. C’est tellement beau que même moi, qui ai pourtant toujours quelque chose à dire, j’en suis resté sans voix. Élégance des chœurs, arrangements de cordes sublimes, évidence mélodique enveloppée de nappes synthétiques entêtantes, luxuriance orchestrale, c’est la bande-son du futur qui s’offre à vous. Son Lux a des années-lumière d’avance sur tout ce qui existe musicalement aujourd’hui. Tous les qualificatifs que l’on pourrait accoler à cet album semblent tellement vains que je préfère vous laisser écouter cette pure merveille sans plus attendre…