Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.43 : Deerpeople

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Il y a de tout dans le microcosme global de l’industrie musicale. Il y a les groupes de poseurs qui enrobent leur musique chiantissime d’un fatras idéologique indigeste. A longueur d’interviews, ils répètent, devant des journalistes complaisants, leur volonté de déconstruire et reconstruire la culture pop. Rien que ça. Comme si une bande de gamins, avec encore du lait derrière les oreilles, allait révolutionner la musique pop. Quand un artiste a à ce point besoin de parler, c’est mauvais signe. Ça veut dire que son art ne lui suffit pas à exprimer sa vision du monde. Les meilleures blagues sont celles qu’on n’a pas besoin d’expliquer. Et, puisqu’on est dans la gaudriole, venons en maintenant à ces groupes qui ne se prennent pas au sérieux, pour lesquels faire de la musique reste avant tout un divertissement. Les Américains de Deerpeople font assurément partie de cette deuxième catégorie. Doux dingues, déjantés, cosmiques, voilà une troupe qui est bien plus dans la déconnade que dans la posture. Et c’est tant mieux.
Deerpeople, c’est d’abord une bande de potes qui, en 2009, décident de faire de la musique ensemble. Après un premier EP éponyme et des performances scéniques remarquées, ils passent aujourd’hui à la vitesse supérieure avec Explorgasm, un deuxième opus plus abouti qui offre une idée plus claire de la direction prise par le groupe. Autant le précédent EP posait les premières pierres de l’édifice, autant celui-ci vient imposer un style mieux défini et totalement maîtrisé. Rarement un disque n’aura aussi bien porté son titre. En effet, la petite troupe de Deerpeople explore des territoires musicaux variés et a tendance à fureter dans plusieurs directions. Sur les cinq titres, deux sont chantés en français par la voix féminine de Kendall Looney. Je dois avouer que je n’ai pas tout compris aux paroles mais, si, si, je vous assure que c’est du français. Pour ce qui est de l’orgasme, il est au rendez-vous sur chacun des morceaux. Tout le talent de Deerpeople réside dans leur étonnante capacité à faire monter la fin d’une chanson dans une sorte de torrent instrumental irrésistible jusqu’à atteindre le point de non-retour. Vous avouerez que ce n’est pas tous les jours qu’on éprouve un orgasme sonore sur une chanson intitulée Des Bonbons et des Pipes, interprétée par une Américaine en yaourt de français!
Deerpeople est donc une bande de joyeux lurons capables à la fois de la plus grande fantaisie et de morceaux de bravoure de forte intensité. J’ai lu, dans une interview, que les deux EP étaient inspirés d’un concept-album qui n’a jamais vu le jour. L’histoire? Alors que la planète où vivent les Deerpeople est menacée par une radiation, ils envoient des vaisseaux en quête d’une nouvelle terre d’accueil. L’un des émissaires, Ulysses, arrive sur Terre et prend la forme d’un petit chien,  ce qui n’est guère compatible avec sa mission de procréer pour sauvegarder l’espèce… Quand je vous disais qu’ils étaient barrés, vous voyez l’étendue des dégâts. Des candidats parfaits pour un prochain épisode de L’interview idiote? A suivre…

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