Il arrive, à vouloir chercher à tout prix l’originalité, qu’on en oublie l’essentiel. Heureusement, certains artistes sont là pour nous rappeler que ce qui compte en premier lieu dans la musique, c’est l’émotion qu’elle procure. Tout le reste n’est que vibration de l’air. D’aucuns masquent leur fadeur sous des couches superficielles d’artifices mais, dès qu’on gratte un peu le vernis, on se trouve en présence d’une coquille vide, qu’un empilage de concepts creux ne suffit pas à remplir. D’autres ont besoin de peu pour procurer chez l’auditeur des frissons de volupté et lui donner immédiatement la chair de poule. Au hasard de nos pérégrinations, nous avons déjà croisé la route de l’un ou l’autre de ces doux rêveurs qui, avec trois fois rien, font se dresser tous les poils de votre corps. Quelques accords de guitares, une voix d’ange, il n’en faut pas plus à Brandon Whyde pour charmer à perpétuité tout un auditoire.

La musique, c’est toute la vie de ce jeune homme de 25 ans. Le goût du chant, il l’a hérité de son père qui “chantait mieux qu’Elvis”, qui avait l’habitude donner de la voix à toute occasion et de remporter des concours de chant. Lorsque celui-ci meurt, fauché par un chauffard ivre, le mari de sa cousine l’initie à de nouveaux horizons musicaux. Brandon découvre Bob Dylan et est profondément touché par la poésie qui se dégage de ses textes. Quelques années plus tard, il choisit d’étudier à l’Université d’Indiana pour sa réputation en matière de musique. Il ne réussira jamais cependant à intégrer l’école de musique de l’Université, avouant même avec beaucoup de modestie que les musiciens qui y étudient lui sont supérieurs. C’est que Whyde ne se considère pas lui-même comme un véritable musicien. Pour lui, le rapport physique à l’instrument passe avant la technicité. L’émotion avant la virtuosité. Et à voir l’intensité qui transparaît dans les expressions de son visage dès qu’il se met à chanter, on se dit que la musique de ce garçon vient du plus profond de son âme. Whyde est capable de pousser un rugissement et, l’instant d’après, il enchaîne en falsetto. La voix et le visage travaillent de concert à exprimer le torrent d’émotions qui sommeillent en lui. La voix de cristal du jeune homme n’a pas son pareil pour tirer sur toutes les cordes sensibles. Il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas succomber au charme de ses mélodies. Souvent folk, parfois résolument soul, les chansons de Brandon Whyde touchent toujours leur cible et vous laissent bouche bée, les larmes aux yeux, devant tant de beauté.

Après un premier album très réussi en 2009, Brandon Whyde vient de sortir son deuxième opus, Boxing Lessons. Un disque intense et poignant qui devrait lui ouvrir de nouvelles perspectives. En réinventant l’art de la chanson folk intemporelle, il vient s’inscrire dans la grande lignée des songwriters de génie. Souhaitons pour lui que sa musique obtienne bientôt la reconnaissance qu’elle mérite. En tout cas, ça faisait bien longtemps que je n’avais pas été ému à ce point par un chanteur. Il émane de chez ce garçon une sincérité inouïe et irrésistible. Chapeau bas, Monsieur Whyde! Et bonne écoute, cher auditeur! (Comme d’habitude, si l’album te plaît, n’hésite pas à aller l’acheter sur la page Bandcamp de l’artiste!)