Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.45 : Alt-J

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Les quatre garçons de Alt-J s’apprêtent peut-être à révolutionner la pop et vous ne le saviez pas encore ? Maintenant, vous êtes au courant…

En ce moment s’abat sur la Grande-Bretagne une pluie de groupes destinés, nous dit-on, à révolutionner ou, tout du moins, à renouveler la pop. Après Django Django et Breton, que nous avons déjà tous deux évoqués sur ce blog, voici, avec Alt-J, une nouvelle incarnation de ce vent nouveau qui souffle sur l’Albion. A première vue, on se dit qu’il s’agit encore d’un de ces groupes prétentieux et arrogants qui s’entourent de mystère pour mieux dissimuler leur médiocrité. A force qu’on nous annonce chaque semaine de nouveaux messies de la pop, nous sommes devenus méfiants. Et puis, ce nom, Alt-J, étrange tout de même, vous ne trouvez pas? Après avoir débuté sous le nom imprononçable de Daljit Dhaliwal, puis avoir été confondu avec un homonyme américain en évoluant sous l’appellation Films, il leur a fallu beaucoup d’imagination pour accoucher d’un nom à la fois aisément reconnaissable et facile à retenir. En trifouillant sur le clavier de son Mac, l’un des membres du groupe, pressant simultanément les touches Alt et J, est tombé sur le triangle parfait, Δ. Comme ils ne voulaient pas qu’on les appelle Delta, et encore moins Triangle (c’est vrai que c’est pas terrible comme nom) ils ont accolé au symbole Δ le raccourci Alt-J.

OK pour le nom, me direz-vous, mais qu’en est-il de cette curieuse manie de ne pas vouloir montrer leur frimousse sur les shootings photo? Sont-ils donc si laids? Non, répondent-ils, c’est juste qu’ils ne voient pas l’intérêt de poser comme tout le monde, adossés à un bâtiment. A l’heure où tout s’étale en photo et en blabla insipide sur les réseaux sociaux, il est plus intéressant de conserver une part de mystère. A l’écoute de leur musique, le mystère s’épaissit encore au point qu’on se sent comme enveloppé dans une nappe de brouillard et de perplexité. Il y a du génie dans la pop de Alt-J. Leur son est une sorte de Pays des Merveilles labyrinthique où des influences éclectiques s’entremêlent harmonieusement sans jamais se bousculer. Electro, folk, synthés, riffs de guitare, bongos, beats hip hop, le tout au service d’une mélodie qui sert de colonne vertébrale. Leurs morceaux nous emmènent sans cesse dans des directions opposées. Mais, au bout de cet enchevêtrement de fausses pistes, on se retrouve au port d’origine, lessivé mais béat comme au retour d’un grand voyage dans des contrées inconnues. Il y quelque chose d’hypnotique dans les rythmiques d’Alt-J et dans la façon de chanter de Joe Newman, on entend comme des échos de Devandra Banhart. Ce qui est évident, c’est la volonté du quartette de toujours expérimenter de nouvelles choses et de proposer un son qui sorte de l’ordinaire. Mission accomplie sur leur premiers essais. Fitzpleasure pourrait bien être la chanson de l’année. J’ai beau retourner ça dans tous les sens, c’est tout simplement parfait.

Avec Radiohead pour seule influence commune et un goût prononcé pour le cinéma (comme en témoigne leur ancien nom), les quatre anciens étudiants en art (autre point commun avec Django Django et Breton) repoussent en effet les limites de la pop-song telle qu’on la connaissait jusqu’à présent. L’idée, affirment-ils, c’est d’apporter quelque chose de nouveau mais qui soit en même temps réconfortant. Certains feraient bien de s’en inspirer. En tout cas, Alt-J semble à même de réunir une audience issue d’univers musicaux différents. Le fait qu’ils aient tourné avec le rappeur Ghostpoet et qu’ils s’apprêtent à jouer avec Wild Beasts est une sérieuse indication de leur propension à brouiller les pistes et à échapper à toutes les étiquettes. Actuellement, le groupe met la touche finale à la préparation d’un album qui devrait sortir en cours d’année. J’ai hâte d’entendre le résultat…

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