Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.48 : Ed Tullett

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Fatigué de voir ma coupe de Playmobil dans le miroir, je me suis résolu ce midi à subir les coups de ciseaux farouches et l’humour douteux d’un coiffeur qui, pour paraphraser mon ami Nénesse, était de toute évidence de la jaquette flottante et, de surcroît, chauve, ce qui ne me rassure guère chez un coiffeur. Ben quoi? Vous suivriez les conseils d’un diététicien obèse? C’est pareil, non? Au moins cet échange autour du sommet de mon crâne aura-t-il accouché de quelques dialogues savoureux. Morceaux choisis:
Le coiffeur, ébahi : Ah, dites donc, mais vous avez plein de cheveux, vous…
Moi : Oui, c’est vrai que j’ai une sacrée touffe…Tout le monde ne peut pas en dire autant!
Le coiffeur, enthousiaste : Je vais vous mélanger les cheveux avec du gel. Ce sera comme si vous veniez de faire l’amour…
Moi, moins enthousiaste : Euh…Si vous pouviez juste me coiffer…
Avec ce genre d’entrée à matière, vous vous dites, parce que je commence à vous connaître, que la transition risque d’être tirée par les cheveux, voire de friser le ridicule. Vous n’avez pas complétement tort, je le crains. Mais, avant de nous crêper le chignon, arrêtons de couper les cheveux en quatre et parlons un peu de musique puisque c’est pour ça que vous êtes là. Regardez moi un peu ce jeune chanteur britannique, Ed Tullett. Belle coupe, n’est-ce pas? Vous devez vous demander comment ça tient, une mèche pareille. Si, si, j’en suis sûr. Surtout vous, là-bas, avec la boule de billard! Eh bien, figurez-vous que certains chroniqueurs ont osé le comparer aux Fleet Foxes qui sont à l’élégance capillaire ce que Demis Roussos est à l’imberbité. Franchement, comparer ce jeune dandy à la classe so british à cette bande de bûcherons hirsutes, j’en ai les cheveux qui se dressent.
Ed Tullett, donc, vous l’aurez compris, outre sa coiffure remarquable, est l’un des nouveaux fleurons du folk britannique et, depuis la sortie récente sur Bandcamp de son premier album Never Joy, le jeune homme, âgé d’à peine 18 ans, est en train de se frayer un chemin dans le cœur de la blogosphère. Au jeu des comparaisons, on est, à mon sens, plus proche de Bon Iver que des Fleet Foxes. Il y a ce même côté solitaire du garçon timide qui fabrique de la musique artisanale dans sa chambre, cette mélancolie communicative qui vous prend aux tripes et ne vous lâche plus. Les structures des morceaux sont plus simples, plus immédiates comme s’il y avait cette urgence adolescente de retranscrire des sentiments, des émotions en mots et en notes de musique. La maîtrise est peut-être moindre mais il y a une beauté désarmante dans les chansons d’Ed Tullett. On a le sentiment d’être toujours à la limite de la rupture. Mais ce qui est beau, c’est justement cette fragilité qui traverse l’album et l’empêche d’être trop parfait, trop lisse. Le jeune homme a une voix magnifique, capable de grands écarts et d’une sincérité telle que même les plus récalcitrants ne pourront pas hurler à l’exercice de style. Never Joy avance en toute honnêteté, sans jamais faire semblant. C’est selon moi un grand disque sur les tourments de l’adolescence et, certainement, l’acte de naissance d’un grand artiste sur lequel il faudra compter à l’avenir…Écoute intégrale ci-dessous, mais, comme d’habitude, si vous aimez, soutenez cet artiste indépendant en achetant le disque sur sa page Bandcamp !

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