Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.64 : Coloured Clocks

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Je n’ai jamais mis les pieds en Australie. Tout ce que j’en connais, je l’ai lu dans les nouvelles de Kenneth Cook (cf J’ai lu : La Vengeance du Wombat et autres nouvelles – Kenneth Cook). Heureusement, si vous ne vous sentez pas l’âme d’un aventurier, si vous vous sentez paumé au milieu des grands espaces, nul besoin de sauter à pieds joints avec les kangourous ou de bouffer des feuilles d’eucalyptus avec les koalas pour emplir vos esgourdes de musique venue des antipodes. Aujourd’hui, une bonne connexion Internet suffit à vous faire voyager à l’autre bout du monde et à rencontrer, au moins virtuellement, des artistes dont, s’ils étaient apparus une décennie plus tôt, vous auriez ignoré jusqu’à l’existence. La Toile a permis, nous l’avons déjà souligné récemment, de décomplexer toute une catégorie de bedroom singers, qui ont trouvé, dans la technologie, un moyen de faire de la musique seuls dans leur coin en même temps qu’un exutoire pour la faire connaître. Ces musiciens 2.0 font tout par leurs propres moyens. Ils écrivent, composent, jouent tous les instruments, enregistrent, sans avoir à mettre le nez dehors. Vous les croiserez, au hasard de vos tribulations, sur des plateformes musicales comme Bandcamp. Dernière rencontre en date et dernier coup de cœur: James Wallace, originaire de Melbourne, 25 ans, qui officie sous le nom de Coloured Clocks. Méfiez vous de Google (on ne s’en méfie jamais assez!), rien à voir avec un homonyme, originaire de la même ville et membre d’un groupe appelé Wintercoats. Moi-même, j’ai failli me faire avoir mais le vrai James Wallace, au final, c’est bien celui qui a dans sa chambre, le même poster de Pink Floyd que moi.  Rien que ça, ça aurait suffi à me le rendre sympathique.
Je ne suis pas un expert de la scène alternative australienne. Mais il me semble que, depuis la sortie en 2010 de l’album Innerspeaker de Tame Impala, le pays des wallabies s’est découvert une passion pour le néo-psychédélisme. Tame Impala est d’ailleurs une influence clairement revendiquée par une large part de jeunes artistes australiens. Si James Wallace n’échappe pas à la règle, il ne se contente pas, loin de là, d’un vulgaire copier-coller. Ici, les sources d’inspiration sont multiples. Les fantômes de Pink Floyd et des Beach Boys ne sont jamais loin, un zeste de Pixies, une pincée de rock progressif. Des ballades contemplatives et des envolées guitaristiques qui s’enchaînent ou s’entremêlent. Coloured Clocks fait montre d’une vraie polyvalence et fait voyager l’auditeur dans des territoires variés et pittoresques. Il y a chez Wallace une réelle capacité à transporter et à prendre par surprise son auditoire. Un morceau comme Miles est particulièrement révélateur de cette volonté de mouvement. Certains seront peut-être un peu perturbés par cette forme kaléidoscopique; pour ma part, j’y vois une magnifique invitation au voyage dans des contrées chaudes et colorées. Ce n’est pas pour rien que l’album s’intitule Zoo. Le disque, bien qu’enregistré exclusivement à la maison, ressemble à une promenade entre des espaces ayant chacun une faune et une flore spécifiques. De la pop augmentée, comme l’annonce sa page Facebook. Un savant mélange de ce que la musique alternative a offert de mieux ces cinquante dernières années. En tout cas, on ne peut qu’être admiratif de cette faculté à digérer et à restituer de manière personnelle des influences aussi diverses. Sans crier au génie absolu – l’album a quelques petits défauts, il part parfois un peu trop dans toutes les directions – je trouve que James Wallace a posé avec Zoo les bases d’un univers original et chaleureux. Il est actuellement en train de travailler sur un deuxième album. J’ai hâte de poursuivre l’exploration. Il est bien possible, à mes yeux, que Zoo marque l’éclosion d’un talent extrêmement prometteur. A suivre…

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