Je parlais il y a quelques jours du rôle de l’image dans l’univers musical. Pour exister parmi la foultitude d’artistes qui diffusent aujourd’hui leur musique, sur le Net notamment, il ne suffit pas d’avoir du talent, il faut aussi maîtriser un minimum les outils de communication pour se faire connaître. L’art n’existe vraiment que quand il est partagé. Qu’en pensez vous? Vous avez trois heures. Et ne pompez pas sur votre voisine. Les stratégies sont multiples. Si votre musique est assez quelconque et que, par ailleurs, vous êtes plutôt vilaine, vous avez tout intérêt à vous démarquer par des tenues excentriques qui, en dévoilant des atouts plus charnus, ne manqueront pas de faire oublier vos imperfections. Attention toutefois aux fautes de goût. Imaginez un peu Susan Boyle dans la robe en carpaccio de Lady Gaga ou Mireille Mathieu dans la tenue d’écolière de Britney Spears. C’est du pire effet. Au contraire, si vous êtes doué, que vous voulez être admiré davantage pour votre art que pour vos beaux yeux et pouvoir continuer à sortir votre jack russell (bizarrement, j’avais toujours imaginé que c’était le nom d’un acteur!) sans être harcelé par une horde de groupies frénétiques, il est conseillé d’entretenir autour de votre personne un mystère épais. Portez des casques de scooter, un chapeau bien enfoncé ou un masque V pour Vendetta. Imaginez un groupe de rock qui ne se produirait que paré derrière ces masques moustachus. Ça existe sûrement déjà. Mais, me direz-vous, mon bon monsieur, aujourd’hui, la place publique est virtuelle. Tout le monde surfe, clique, blogue, face, tweete, viadeote, linkedine et tutti quanti. Comment rester caché au beau milieu de ces myriades de connexions? C’est en tout cas le parti pris apparent du musicien (ou peut-être sont-ils plusieurs?) qui opère sous l’appellation I am Bart(ek).
“”I am bart(ek)” it’s a new project on music map. It’s about good, valuable music created with emotion and life passion. It’s also about You guys, about relationships, fun, love… only good things! “I am bart(ek)” is tired of politics and wars…” . C’est ainsi que, de manière assez sibylline, I am Bart(ek) se présente sur les réseaux sociaux. Hormis la dernière phrase, digne d’une postulante à la couronne de Miss France, il y a de quoi être intrigué. De la musique qui parle de vous, de nous? D’autant plus intrigant que I am Bart(ek) propose de prendre part activement à un de ses projets en lui envoyant des enregistrements de nous en train de prononcer la phrase “I am Bart”. Une façon pour l’auditeur de s’approprier l’identité de l’artiste. Fascinant. Ma curiosité est piquée au vif. En termes de communication, c’est extrêmement bien pensé. Il devrait bientôt se créer un peu partout des pages ou des forums de discussion autour de cette question qui bientôt nous taraudera tous: qui peut bien être ce Bartek? Car loin de chercher à tout prix à préserver l’anonymat, l’effet recherché est certainement, à mon sens, d’encourager les conjectures et d’exciter l’imagination. J’avoue être assez friand de ce genre de jeux de piste. Ça stimule le Sherlock Holmes qui sommeille en moi. Allez, je me lance. Son vrai prénom, c’est Bartek, il a de lointaines origines polonaises, il est déjà assez impliqué dans le milieu musical mais tout le monde le connaît sous le nom de Bart, il est peut-être originaire d’Austin, peut-être pas, mais bouge beaucoup entre Londres et New-York. Peut-être qu’il voyage trop et a envie de se poser, s’est trop dévoilé et a envie de se cacher. Tapez Bartek sur Google Images et vous tombez sur un mannequin à la longue tignasse rousse: Bartek Borowiec. Mon esprit vagabonde. Je me pose une seconde et fais très scrupuleusement ce que propose I am Bart(ek). Je monte le son, je ferme les yeux et j’écoute Happiness. Passent les hommes, passent les minutes mais la musique s’ancre dans mon cerveau comme une évidence. Qui est-il? Peu importe. Il veut juste faire du buzz? Sans doute mais pas seulement. Tout est là, dans ces 5 minutes et 27 secondes de bonheur traduit en notes de musique. Une musique qui occupe l’espace et diffuse une inexorable vague de bien-être. C’est le bonheur, je vous dis. Alors, que demander de plus?
