Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.76: DAD

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Je n’aime pas Paris. Taxez-moi, si ça vous chante de provincialisme rétrograde, vous ne me ferez pas changer d’avis. Comment peut-on aimer ne ville où les gens tirent en permanence une gueule de six pieds de long et où on passe la moitié de son temps à jouer des coudes pour entrer dans des métros bondés et dégoulinant de crasse et l’autre moitié à slalomer à mille à l’heure entre les crottes de chien? Paris, ses chauffards arrogants, ses commerçants impolis, son équipe de football sans âme bâtie à coups de pétrodollars. C’est donc ça, la plus belle ville du monde? Oui, mais la culture, la civilisation, m’objecterez-vous. Parce que le café hors de prix et une cage à poules avec chiottes à la turque sur le palier pour mille euros de loyer mensuel, vous trouvez ça civilisé, vous? Alors oui, bien sûr, les artistes, les salles de spectacle,  l’architecture, la Tour Eiffel, les bateaux-mouche sur la Seine dégueulasse, le Louvre, j’en passe et des meilleurs, ça doit bien équilibrer un peu. Mais, au final, si on fait le bilan, à Paris, peut-être plus qu’ailleurs, le laid l’emporte sur le beau. Perdu le goût des belles choses, pas le temps de les apprécier. Il faut courir, toujours plus vite, comme des poulets sans tête. Perdre la vie à essayer de la gagner et aller mourir ailleurs, loin de cet enfer de pierre et d’acier, quelque part où, enfin, on pourra s’abriter sous un arbre centenaire ou respirer le parfum d’une fleur. Et pourtant, pour un artiste, en France, il est presque impératif d’être dans la capitale pour exister. Comment font-ils, tous ces amoureux du Beau pour s’accommoder d’autant de laideur? Ferments-ils les yeux pour se réfugier au fond d’eux-mêmes et magnifier le monde en touches de peinture ou en notes de musique? Sans doute. En tout cas, lorsque j’écoute DAD, quintette indé basé à Paris, je n’entends que grâce et beauté.
Formé en 2008, DAD a connu plusieurs mues successives. Après avoir pris en 2009 la forme d’un quatuor pratiquant des instrumentations post-rock teintées d’influences jazz  avec des paroles en spoken word, le groupe, sans pour autant renier ses aspirations initiales, s’oriente désormais vers des sonorité plus pop. Un nouveau terrain auxquels les membres du groupe, désormais au nombre de cinq, s’attaquent sans complexe et avec une vision musicale et artistique qui leur est propre. Dès les premières écoutes, on comprend que DAD est bien plus que la simple somme de ses cinq membres. Bien sûr, les influences de chacun viennent nourrir le projet collectif, couvrant un large spectre musical allant de Gang of Four à Peter Gabriel, d’Efterklang à Brian Eno, en passant par Radiohead ou Grizzly Bear. Mais ce qui frappe surtout, c’est l’étonnante polyvalence qui règne au sein du groupe, chacun étant capable de jouer de plusieurs instruments et parfois même d’en changer au cours d’un même morceau. Ce sont cette richesse et cet appétit musical qui confèrent aux compositions de DAD leur intensité peu commune. Des compositions qui forment un univers cohérent sans pour autant tourner en rond. Les quelques extraits que j’ai pu entendre et que je vous propose en écoute ci-dessous témoignent d’une rare habileté musicale et d’une science quasi-chirurgicale des arrangements. Ce qui est frappant, c’est le savant dosage qui sous-tend leurs instrumentations. Il s’en dégage un mélange surprenant de tension et de retenue, un peu comme si leur musique était une sorte de cocotte-minute au bord de l’explosion ou comme si vous faisiez durer le plaisir d’un acte sexuel en retardant l’éjaculation. DAD est un groupe qui n’a pas (à ma connaissance!) d’équivalent sur la scène française actuelle. Et qui est promis à un très bel avenir. La sortie, en octobre prochain, de l’album Vitro s’annonce d’ores et déjà comme l’une des découvertes marquantes de l’année. D’ici là, voici trois titres à télécharger gratuitement chez notre partenaire OYOZIK et la toute nouvelle vidéo de Look Behind.

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