Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.98 : The Romance

Browse By

Un dimanche, ça ne sert à rien, dit l’homme d’affaires, avide d’empiler les zéros sur son compte en banque. Une journée entière à s’occuper inutilement, quelle perte de temps ! Levez-vous, fainéants, paresseux, oisifs de mauvais augure. Enfouis sous la couette, les dormeurs, admonestés, se redressent improductivement et envoient le fâcheux se faire voir chez les Grecs. La Grèce ? En pleine crise, vous n’y pensez pas. C’est la guerre. La guerre économique. Formez vos bataillons. Marchons, marchons… Des armées de TA GUEULE ! ensommeillés sautent des lits. C’est dimanche. On veut dormir. Écraser les oreillers de plumes sous le poids de nos rêves insensés. Traverser les océans, voler entre les nuages, décrocher la lune. En voilà enfin, de la vraie vie. Si précieuse, nous disait-on, et pourtant rongée aux trois quarts par des voleurs de temps peu scrupuleux. Un dimanche, ça ne sert à rien mais c’est tellement beau. Vingt-quatre heures d’éternité avant de retourner dans nos cellules. Vingt-quatre heures à ne rien faire ou à récréer un monde vivable, à réapprendre la respiration, l’équilibre, la beauté. Nous voilà maîtres du temps à nouveau, prêts à quitter nos ports d’attache et à prendre la route vers l’infini.  

A bien des égards, Traffic, le premier EP de The Romance est la bande-son idéale de ces dimanches matins où, au chaud sous les couvertures, on sent confusément que tous les possibles sont ouverts. La pochette du disque ressemble à une invitation à s’en aller, à plonger tête la première dans les étoiles, à se laisser entraîner dans les méandres d’un songe cotonneux. Les trois titres dévoilent une pop éthérée, du même bois que celui dont sont faits les rêves. Une dose d’intimité, une louche de mélancolie et une pincée d’espoir. Ou comment retourner aux sources pour mieux prendre son envol. Port du Loiron, sur les traces de son adolescence, Emilie Rambaud construit un avenir musical sans limites. Moins naïf, plus insaisissable qu’il n’y paraît de prime abord, cet univers se révèle, après plusieurs écoutes, d’une richesse inouïe. Mélodies épurées, richesse des harmonies vocales, Emilie elle emprunte un chemin escarpé entre mélancolie assumée et audace formelle. Mais, tout là-haut, au bout de ce chemin, avec les étoiles pour voisines, elle trouvera bientôt sa place au firmament de la pop made in France.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Afficher les boutons
Cachez les boutons