Un dimanche, ça ne sert à rien, dit l’homme d’affaires, avide d’empiler les zéros sur son compte en banque. Une journée entière à s’occuper inutilement, quelle perte de temps ! Levez-vous, fainéants, paresseux, oisifs de mauvais augure. Enfouis sous la couette, les dormeurs, admonestés, se redressent improductivement et envoient le fâcheux se faire voir chez les Grecs. La Grèce ? En pleine crise, vous n’y pensez pas. C’est la guerre. La guerre économique. Formez vos bataillons. Marchons, marchons… Des armées de TA GUEULE ! ensommeillés sautent des lits. C’est dimanche. On veut dormir. Écraser les oreillers de plumes sous le poids de nos rêves insensés. Traverser les océans, voler entre les nuages, décrocher la lune. En voilà enfin, de la vraie vie. Si précieuse, nous disait-on, et pourtant rongée aux trois quarts par des voleurs de temps peu scrupuleux. Un dimanche, ça ne sert à rien mais c’est tellement beau. Vingt-quatre heures d’éternité avant de retourner dans nos cellules. Vingt-quatre heures à ne rien faire ou à récréer un monde vivable, à réapprendre la respiration, l’équilibre, la beauté. Nous voilà maîtres du temps à nouveau, prêts à quitter nos ports d’attache et à prendre la route vers l’infini.