Les trésors cachés – Ep.16 : The Marshmallow Notebooks – The Marshmallow Notebooks

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Samedi matin. Transports en commun. Wagon à bestiaux. Uniforme de travail. Costard. Cravate. Corde au cou. Journée Portes Ouvertes. Prison. Défaire le nœud. Respirer. Partir. N’importe où. En Croatie…

Je n’ai jamais foutu les pieds en Croatie. Je ne suis même pas sûr que je serais capable de situer le pays sur une mappemonde. Une forme de croissant, au bord de l’Adriatique, ça ne doit pas être si compliqué que ça à trouver. Et puis, au fond, je m’en fous. Parce que je sais bien que je ne partirai pas.
 
Mon esprit vagabonde mais mes pieds ne bougent pas. Je n’y peux rien, c’est comme ça : j’ai tendance à rester. J’en rirais presque, tellement je suis prévisible. Déguisé en pas moi, aussi à l’aise pour le boniment qu’un sumo sur des patins à glaces, je fais semblant. J’ai l’impression d’être un personnage secondaire de ma propre vie. Un figurant un peu falot qui regarderait le vrai moi réaliser ses rêves et se taper Julia Roberts à la fin du film. 
J’écris des romans dans ma tête, sur des écrivains qui n’écrivent pas. Je compose des musiques qui s’écoulent avec l’eau du bain. Et je suis chargé de développement pour une école de commerce. Si on m’avait dit ça, dix ans en arrière, quand je séchais les cours d’une autre école de commerce, j’aurais rigolé, je me serais roulé un pétard, je me serais rendu saoul. Mais maintenant, c’est comme si j’avais pris goût à ces petites défaites.
Je voudrais être ailleurs. Je pourrais partir demain. En Croatie, j’aurais l’air déplacé. Je ressemblerais à un touriste qui se serait trompé de saison. Personne ne me reconnaîtrait. Je lirais Salinger à l’abri des regards, comme dans la chanson de The Marshmallow Notebooks, The Last Tourist in Town. Je pourrais être n’importe qui. Pourquoi pas ?
De toute façon, depuis que j’ai découvert The Marshmallow Notebooks, c’est comme si une partie de moi était déjà en Croatie. Quelque chose, dans les chansons de Matija Habijanec, me remue les entrailles. Comme si ce mec, dont je ne sais quasiment rien, parlait à ma place. Au final, la musique, ou l’écriture en général, ça touche juste quand les mecs réussissent à dire ce que tu ressens, mais en mieux.
 
Moi aussi, Matija, j’aurais bien besoin des conseils d’un grand frère. J’ai des amis mais c’est différent. J’ai l’impression égoïste qu’il y a un peu de moi dans ce disque et j’ai les larmes aux yeux en t’écoutant. C’est peut-être con mais c’est comme ça. Dans ces chansons sur la vraie vie, qui n’est pas une jolie chanson, j’ai l’impression de voir mon reflet. De me sentir compris. Je sais qu’un jour, on se rencontrera et, ce jour-là, je te dirai merci parce que, sans le savoir, avec ce disque, tu m’as sauvé la semaine. 
 

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